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renseignemens fournis sont exacts, écrivait en 1854 le ministre de l’instruction publique au préfet de la Seine, le concours des prix d’apprentissage aurait pour principal résultat de contraindre en quelque façon les maîtres à négliger chaque année pendant deux ou trois mois la masse des élèves confiés à leurs soins, et à concentrer leurs efforts au profit de quelques enfans qu’une aptitude particulière place par avance sur la liste des concurrens. Une sorte d’aristocratie intellectuelle tendrait ainsi à se constituer dans les écoles. Il y aurait là, en même temps qu’une cause d’affaiblissement pour l’enseignement général, une excitation regrettable à la vanité. »

Cette lettre était l’annonce d’un changement de régime ; il eut lieu à quelque temps de là. Au mois de juin 1855, par un arrêté du préfet de la Seine, les prix d’apprentissage furent convertis en bourses d’apprentissage. Au concours on substitua l’examen, le tout avec moins d’apparat, moins de mise en scène et une moindre dépense. La bourse était d’une valeur de 275 francs. Il était accordé une bourse à chaque école réunissant moins de 200 élèves, deux bourses aux écoles réunissant au moins 200 élèves présens. L’avantage était donné aux qualités morales sur les mérites de l’intelligence. L’examen était rendu accessible à tous les enfans possédant les élémens des matières obligatoires de l’enseignement primaire. D’autres modifications avaient suivi celles-là. Au mode d’élection par les élèves avait fait place une liste de classement pour chaque école, dressée sur des notes fournies par les instituteurs et d’après les résultats d’une enquête administrative. En principe, cet état ne devait comprendre que des enfans appartenant à des familles pauvres. Ramené à ces conditions modestes, l’examen fut modestement passé dans chaque école par un jury mis en harmonie avec les dispositions générales de la législation de 1850. À la suite de l’examen, les dossiers des candidats devaient être placés sous les yeux du conseil municipal, qui proposait au préfet deux élèves pour chaque école. Quant aux conditions du contrat, la valeur de la bourse exceptée, elles restaient les mêmes. Ce régime ainsi amendé est celui qui est encore en vigueur.

Sur la plupart des points, la réforme était bonne. Remplacer le concours par l’examen, prendre pour base d’attribution des bourses l’effectif numérique des élèves de chaque école, tenir compte enfin de la situation de fortune de la famille, rien de mieux ; mais tout à côté se trouvaient inscrites des dispositions moins heureuses. En fixant à deux bourses au maximum la part accordée à toute école qui recevait plus de 200 élèves, on n’a pas obéi à un sentiment juste des proportions, puisqu’il y a des écoles qui comptent 400, 500 et jusqu’à 1,000 élèves. D’un autre côté, en déduisant, 275 fr.