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sachant à l’avance dans quelle branche de travail, souvent même dans quelle usine ils utiliseraient leurs études. Du reste ce système de recrutement, que l’on aurait tort de juger aristocratique et qui était simplement pratique, n’excluait pas les jeunes gens sans fortune qui, soit dans les collèges, soit dans les écoles d’arts et métiers, avaient fait preuve d’heureuses dispositions pour la science industrielle. L’instruction de ces sujets d’élite, était facilitée par l’allocation de bourses et de demi-bourses. L’égalité démocratique était sauvée.

Le gouvernement s’est conformé, sous ce rapport, aux traditions de l’école. Celle-ci, lorsqu’il en a pris la direction, contenait à peu près le maximum du nombre d’élèves qu’elle pouvait recevoir. Chaque année, les candidats affluaient. Il n’était donc pas à propos d’abaisser les frais d’études, puisque, selon le langage de l’économie politique, la demande excédait l’offre, et il était à coup sûr préférable de consacrer les bénéfices annuels au perfectionnement des cours et à l’augmentation du nombre des bourses. C’est ainsi que l’on a procédé. L’École centrale, qui a son compte spécial annexé au budget du ministère de l’agriculture et du commerce, ne coûte rien à l’état. Elle vit et prospère par ses propres ressources, et nous dirons plus loin comment les économies, sagement ménagées, l’ont mise en mesure de se compléter par la création de l’enseignement agricole.

L’école a, dès l’origine, ouvert libéralement ses classes aux élèves étrangers. Elle est réellement internationale et cosmopolite. D’après une statistique produite par M. Perdonnet, sur 4,560 élèves admis depuis son origine jusqu’au 1er janvier 1864, on comptait 1,114 étrangers, soit près du quart. Les nations qui envoient le plus d’élèves sont la Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique, l’Italie, la Grande-Bretagne, les deux Amériques. Il vient des étudians de la Turquie et de l’Hindoustan. Aussi la plupart des gouvernemens étrangers ont-ils eu la pensée d’organiser des écoles similaires, et il existe déjà en Suisse, en Angleterre, en Allemagne et en Belgique, des établissemens considérables, où la science industrielle est enseignée avec succès. Aux États-Unis, de généreux citoyens ont fondé à grands frais des instituts à l’instar de l’École centrale. Malgré ces concurrences dont quelques-unes deviennent redoutables, notre école a su conserver jusqu’ici son prestige et sa clientèle à l’étranger. Elle a pour elle la solidité de la méthode, l’harmonieuse combinaison des cours, des professeurs et des répétiteurs dont le mérite et l’expérience seraient difficilement égalés, en un mot la force acquise et la réputation faite. Elle a de plus, dans toutes les parties du monde, de nombreux