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DU DROIT INTERNATIONAL
DE SES VICISSITUDES
ET
DE SES ECHECS DANS LE TEMPS PRESENT

Le Droit international théorique et pratique, précédé d’un exposé historique des progrès de la science du droit des gens, par M. Charles Calvo.

Le droit international est depuis deux ans soumis à de rudes épreuves. C’est qu’il a la mauvaise fortune de se distinguer du droit qui est propre à une nation par des traits qui lui sont tout particuliers. Ce dernier a des règles positives, consignées dans des textes incontestables, avec des tribunaux régulièrement institués pour en faire l’application, et quand un tribunal a prononcé, personne n’a le pouvoir d’en changer la décision, à moins que ce ne soit une juridiction supérieure pareillement créée par la loi. Les tribunaux ont même la mission de résoudre les cas que les jurisconsultes croient douteux, et de fixer la jurisprudence, sauf ensuite au législateur à modifier celle-ci, mais pour l’avenir seulement, par le moyen d’une loi nouvelle, s’il estime que tous les juges successifs ont commis une erreur.

Rien de pareil pour le droit international. Tandis que dans l’intérieur d’un état chacun se reconnaît le sujet de la loi, dans les relations des états chacun d’eux est non-seulement souverain, mais indépendant. En vertu de cette indépendance, dont il est jaloux et à laquelle il ne reconnaît pas de limite, il se considère, l’histoire ne le. révèle que trop, comme médiocrement lié par un engagement contracté envers un autre être semblable à lui-même, c’est-à-dire