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écoles primaires associées pour l’enseignement du dessin et dans les écoles centrales d’art, elles montrent parfois, nous assure-t-on, plus de dispositions que les hommes. Admises à titre d’élèves dans ces écoles, les femmes peuvent aussi y devenir maîtresses. L’école normale d’art ne leur est pas fermée ; à celles qui y étudient, l’état peut accorder des subventions qui varient de 5 à 15 shillings par semaine (de 6 fr. 25 cent, à 18 fr. 75 cent. ).

La science n’est pas moins utile que l’art à la petite industrie. Faire de l’ouvrier non plus un agent inerte d’exécution, mais un facteur intelligent, savant dans une certaine mesure, dominant son métier par l’étendue de ses connaissances, c’est une idée qui a germé au commencement de ce siècle, et qui n’a trouvé nulle part pour la recevoir un sol mieux préparé que l’Angleterre. Les Mechanics’ institutes, fondations privées, avaient posé les premières bases d’un enseignement scientifique à l’usage des classes ouvrières. Une intervention plus puissante était nécessaire ; à partir de 1850, l’état fit sentir son action dans ce sens. L’Art department, agrandi dans ses attributions, reçut la mission d’organiser un enseignement populaire des sciences appliquées. A dater de cette époque, cette section du conseil privé porta le nom de Science and art department. Le plan déjà suivi pour l’enseignement des arts le fut avec peu de modifications pour les sciences. L’on eût des maîtres et des maîtresses brevetés après examen ; des médailles, des prix furent décernés ; chaque candidat ouvrier qui a obtenu une médaille ou un prix vaut au maître ou à la maîtresse dont il a suivi le cours une prime déterminée. Cet ingénieux système de subventions profite à l’ouvrier studieux et intelligent, que le maître instruit à des conditions peu onéreuses dans l’espérance d’être rémunéré au jour de l’examen.

« Les tendances qui se manifestent chez nos voisins à l’égard de l’éducation des femmes, écrivent MM. Marguerin et Mothéré dans leur rapport au préfet de la Seine, sont bien propres à faire réfléchir ; les voies larges où ils entrent n’appellent pas seulement la curiosité, mais un attentif examen… L’on est frappé de cette circonstance singulière pour nous que toutes les nouvelles institutions sont communes aux femmes et aux hommes… Par quelles raisons appelle-t-on les femmes à participer à ce grand enseignement public des arts et des sciences appliquées, qui semble au premier abord convenir aussi peu à leur rôle dans la vie et dans la société qu’il convient aux hommes ? Nous avons fait bien des questions à cet égard. Voici ce que les Anglais répondent : l’éducation que reçoivent les femmes est le plus souvent nulle ou insignifiante : à tous les points de vue, il importe qu’elle soit plus élevée, plus forte et