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connue sous le nom d’Art department, eut pour mission d’organiser sur une grande échelle L’enseignement public du dessin dans tout le royaume. Nous n’examinerons pas ici en détail l’organisation de l’Art department et de ses nombreuses fondations ; , elle a été décrite dans un savant rapport qui a pour auteurs MM. Marguerin et Mothéré, chargés par le préfet de la Seine d’étudier de près l’enseignement des classes moyennes et des classes ouvrières en Angleterre. Les institutions qui relèvent de l’Art department se divisent en deux catégories, selon qu’il s’agit de l’enseignement public destiné à diriger le goût général de la nation ou de l’enseignement spécial qui doit former des maîtres d’art. L’enseignement public comprend les écoles centrales d’art, qui étaient dès 1861 au nombre de 87, et autour desquelles se groupent des associations locales d’écoles primaires pour l’enseignement du dessin. Toutes ces institutions comptaient, il y a déjà dix ans, 91,836 élèves. Des inspecteurs locaux visitent chaque année les écoles centrales d’art et les écoles primaires qui y sont affiliées. Des concours locaux donnant lieu à des primes provoquent l’émulation des élèves ; un concours national annuel a lieu entre les lauréats des concours locaux. Le musée central de South-Kensington prête aux diverses écoles des modèles, des moulages, des photographies, des écrits sur l’art ; il établit de plus tous les ans dans un certain nombre de localités une exposition ambulante d’objets d’art originaux. Un fonds de subvention est alloué par l’état aux écoles d’art pour acquérir des modèles et d’autres objets utiles à l’enseignement. Toutes ces mesures sont destinées à développer dans la Grande-Bretagne le goût et les connaissances spéciales ; mais il y a en outre des fondations plus positives et plus pratiques pour former des artistes industriels. Telle est l’école normale des arts établie à South-Kensington ; on n’y est admis qu’en faisant preuve de connaissances générales : l’enseignement y est gratuit, les bons sujets y bénéficient même d’importantes primes en argent. Telle est en ses principaux traits l’organisation compliquée de l’Art department ; elle constitue un vaste réseau détendant sur tout le territoire ; au moyen de subventions, de primes, d’examens, de brevets de capacité, d’expositions, elle exerce une grande influence sur le goût de la nation, sur les progrès de l’industrie, sur l’essor des classes laborieuses. Quelle place tiennent les femmes dans ces institutions nouvelles ? La même que les hommes, et c’est beaucoup dire. L’éducation des femmes a été jusqu’à ce jour si négligée dans tous les pays du monde, qu’on regarde presque comme une faveur insigne de les admettre aux établissemens publics d’enseignement. Dans la Grande-Bretagne, elles participent depuis dix ans à tous les moyens d’instruction et à tous les encouragemens qui sont offerts par l’état aux classes populaires ; dans les