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de s’approprier les emblèmes distinctifs des hauts fonctionnaires de l’empire. La circulaire officielle réclame d’eux qu’ils s’en tiennent au costume et à l’étiquette des lettrés. Ainsi des évêques font usage de la chaise verte à quatre porteurs à laquelle n’ont droit que les mandarins au-dessus du quatrième rang ; ils se servent pour leurs dépêches de sceaux pareils en forme et en grandeur au sceau que l’empereur donne à ses agens pour les investir de leur charge. Le sceau est un signe précieux et redoutable dont la perte entraîne la mort pour celui qui en est le dépositaire. Les évêques, toujours d’après la circulaire, exigent d’être traités par les hauts fonctionnaires des provinces sur le pied de l’égalité, c’est-à-dire qu’ils se font ouvrir les grandes portes des prétoires que le mandarin ouvre seulement à ses pairs. Vers 1861 déjà, une communication de la légation de France prescrivit aux évêques de renoncer à de telles pratiques, qui pouvaient éveiller la susceptibilité des autorités chinoises. Si les évêques tiennent absolument à s’entourer d’une certaine pompe, ils devraient consulter les règlemens qui existent pour le cérémonial et les privilèges des chefs de religions étrangères, notamment du bouddhisme et de l’islamisme, et s’entendre pour l’adoption d’un code acceptable de tous.

La restitution des édifices et propriétés confisqués jadis aux chrétiens a été rendue obligatoire par la convention de Pékin. De là sont nées des difficultés d’autant plus graves qu’on a eu le tort de ne pas les régler immédiatement. La circulaire s’exprime comme il suit à ce sujet :


« Les missionnaires exigent la restitution de ce qu’ils déclarent avoir appartenu aux chrétiens, sans s’inquiéter des intérêts auxquels ils portent atteinte. Il arrive en plus d’un cas que ce sont de belles maisons appartenant à des lettrés qu’ils revendiquent, et ils en expulsent le propriétaire dans le plus bref délai ; mais ce qu’il y a de plus fort et ce qui blesse la dignité du peuple, c’est que souvent ils réclament comme leur propriété des yâmens, des lieux d’assemblée, des temples tenus en grand respect par les lettrés et les habitans du voisinage. Certainement dans chaque province se trouvent des maisons qui appartenaient jadis à l’église ; mais on doit tenir compte du nombre d’années qui se sont écoulées depuis, et songer que les chrétiens ont vendu ces maisons et qu’elles sont peut-être passées entre les mains de plusieurs propriétaires. Il faut aussi considérer que la maison a pu être vendue vieille et délabrée, et que l’acquéreur a peut-être fait de grosses dépenses pour la réparer, ou même en a construit une nouvelle. Les missionnaires ne s’inquiètent pas de tout cela ; ils exigent la restitution, et n’offrent pas la moindre indemnité…

« Quand les missionnaires voudront acheter un terrain pour y bâtir