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Toutefois il persévéra, luttant, avec une indomptable ténacité contre le dissolvant peut-être le plus actif qui puisse miner une société de ce genre, l’indifférence du monde entier, l’invraisemblance d’un espoir quelconque de réhabilitation. De temps à autre seulement, à de longs intervalles, quelques vagues lueurs bien vite éteintes. Ainsi le roi Louis Bonaparte, fut surpris d’apprendre que cette petite église existait encore ; son esprit curieux fit même qu’il lui donna quelques marques d’intérêt, ce qui ne l’empêcha point, vers la fin de son règne, de refuser au chapitre l’autorisation, exigée par la loi, de nommer un nouvel archevêque. Le refus n’eut pas longue suite, car Louis Bonaparte fut détrôné peu de temps après par son puissant frère. Celui-ci qui n’avait guère songé jusque-là aux anciens-catholiques de Hollande, vit passer comme un éclair devant son esprit l’idée du service éminent qu’ils pouvaient lui rendre dans certaines éventualités. Il était alors au plus fort de ses démêlés avec le saint-siège. Quand il vint à Breda, il fit une terrible algarade aux prêtres-catholiques romains, convoqués pour le saluer au passage ; il n’était pas fâché d’avoir pour ainsi dire sous la main un épiscopat de rechange : Il se montra donc fort gracieux pour la clérésie épiscopale (c’est le nom officiel et ne préjugeant rien que l’on donnait désormais ai l’église ancienne-catholique, des Pays-Bas), et, fit même des promesses positives ; les grands événemens où l’empire sombra ne lut laissèrent ni le temps ni le pouvoir de les remplir.

Vint la restauration, puis la constitution du nouveau royaume des Pays-Bas, comprenant l’ancienne république néerlandaise et la Belgique. On aurait pu croire que le gouvernement de la maison d’Orange se montrerait plus favorable ; que tout autre à une église qui pouvait se vanter d’avoir souffert si longtemps de sa fidélité aux traditions nationales. C’est le contraire qui eut lieu. Sans-doute les anciens-catholiques demeurèrent libres ; mais ; bien loin de plaider leur cause auprès du saint-siège, le nouveau gouvernement, qui aurait eu plus de crédit que ses prédécesseurs, puisqu’il n’était plus exclusivement protestant, dirigea sa politique dans un sens presque hostile à leurs intérêts. Toutes les fois qu’il fallait nommer un évêque, l’autorité néerlandaise suscitait mille difficultés. C’est seulement en 1826 que, sous la pression de l’opinion, le gouvernement reconnut officiellement les évêques titulaires d’Utrecht, de Harlem et de Deventer.

Hélas ! il arrivait à la pauvre petite église hollandaise ce qui arrive si souvent de nos jours, dans d’autres pays, aux minorités religieuses trop faibles par le nombre pour peser d’un poids sérieux angles ; intérêts et le jeu des partis politiques. Il est rare qu’un