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le flanc. Rien ne justifie les craintes que semble leur inspirer l’ouverture de nouveaux ports. Ils ont pu voir en effet depuis longtemps combien, sous la surveillance des consuls, sont faciles les relations des indigènes et des communautés étrangères. Ils ont pu juger également que ces belles lignes de steamers qui naviguent sur le Fleuve-Bleu et la rivière de Canton n’ont procuré à leur commerce que des commodités et des bénéfices. En réduisant provisoirement à quinze le nombre des ports où peuvent résider ses nationaux, l’Angleterre n’a pas entendu immobiliser indéfiniment son commerce dans ce cercle restreint. Quant à la France, elle doit désirer que les points habités et fréquentés par les étrangers se multiplient, car dans le voisinage des ports ouverts les difficultés qui touchent aux missionnaires vont en diminuant ; les mandarins y prennent moins ombrage de leur présence.

L’examen des questions principales soulevées par la révision des traités anglais nous amène à conclure que nous n’avons aucun intérêt à faire de la révision de notre traité un nouveau sujet de négociations. Les facilités de commerce et de relations que la France obtiendrait lui profiteraient peut-être, si elles lui étaient accordées d’une manière exclusive ; mais il a été stipulé par les autres nations qu’elles jouiraient des droits de la nation la plus favorisée, et, comme nous avons en Chine fort peu de négocians, nous aurions cette fois encore travaillé pour les autres, c’est-à-dire pour les Anglais, les Américains, et aussi les Allemands, dont le nombre s’accroît chaque jour. Ce qu’on peut réclamer de nous, c’est notre appui moral pour toute négociation de ce genre ; mais l’initiative n’est pas dans notre rôle. Du reste, toute révision de traité péchera par la base, si elle ne résulte pas d’une entente commune entre les divers états qui ont des traités avec la Chine. En effet, si chacun a le droit de réclamer ce qui est accordé aux autres, il a aussi le droit de ne pas admettre ce que les autres auraient concédé aux négociateurs chinois. Il est dit à l’article 40 de notre traité que « toute obligation non consignée expressément dans le texte même ne saurait être imposée ni aux agens ni aux sujets français, » et chaque nation a le même privilège. Ainsi la Grande-Bretagne avait obtenu, comme nous l’avons dit, que le droit sur certains articles fût diminué, à la condition que le droit sur certains autres, notamment sur la soie, fût augmenté ; nous, qui employons beaucoup de soies, aurions naturellement refusé l’augmentation stipulée ; ces modifications de tarifs tombaient donc par là même. L’Angleterre n’a fait appel au concours des nations représentées à Pékin qu’à l’époque où les négociations étaient terminées ; son ministre plénipotentiaire reçut de ses collègues, lorsqu’il leur en communiqua le résultat, une réponse