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montres et quelques autres articles ; mais, comme il arrive toujours en pareil cas, les diminutions étaient, parfaitement accueillies, et les augmentations énergiquement repoussées. Ainsi l’Inde anglaise, qui perçoit près de 300 pour 100 sur l’opium, qu’elle exporte, s’indigna que la Chine voulût augmenter de 2 ou 3 pour 100 le droit d’importation, légitime au premier chef sur cette denrée qu’abrutit ses sujets.

Au reste les négocians anglais se plaignent moins des tarifs d’entrée et de sortie que des taxes intérieures, qui frappent leurs marchandises un peu partout. Ils citent l’article des traités d’après lequel, moyennant le paiement d’un droit de transit égal à la moitié des droits d’importation ou d’exportation, un négociant peut expédier ses marchandises où il veut, de même qu’il peut recevoir de l’intérieur les articles qu’il a l’intention d’exporter, sans que les uns ni les autres aient à payer d’autres taxes. Le gouvernement chinois ne conteste pas le texte du traité, et même dans certaines provinces le demi-droit de transit a presque toujours protégé les marchandises étrangères, pourvu que celles-ci fussent accompagnées de laisser-passer spéciaux ; mais voici ce qui arrive. Le budget de l’empire suffisant à peine aux services réguliers, toute circonstance extraordinaire exige des taxes spéciales : il y a les taxes pour l’anéantissement de la rébellion, celles pour la réparation des digues d’un fleuve, etc. Les unes sont approuvées par le gouvernement de Pékin ; d’autres, mais plus rarement, sont établies par les autorités supérieures provinciales sous leur propre responsabilité. Il arrive alors que les marchandises se trouvent grevées d’un droit qui monte jusqu’à 30 et 40 pour 100 ; les mandarins ont mille moyens de les percevoir, et le plus souvent il est impossible aux négocians étrangers de réclamer. C’est ainsi que dans le Tché-kiang, pendant la guerre civile, les thés et la soie étaient respectés en transit, mais étaient frappés, entre les mains du producteur, de taxes élevées qui grossissaient d’autant le prix de vente ; l’augmentation était supportée en définitive par les étrangers. Même en cours de transit, les marchandises dont ceux-ci étaient propriétaires ont été soumises plus d’une fois à des droits irréguliers qui ont soulevé bien des protestations. Le gouvernement chinois a généralement essayé dans ce cas de prouver que les marchandises avaient passé dans des maisons indigènes se couvrant du nom des maisons étrangères pour éviter les taxes spéciales imposées au commerce chinois. Il a été reconnu, du reste en plus d’une circonstance que ce moyen de fraude était réellement employé. Bref, depuis 1844, époque des premiers traités, on a discuté sur cette question sans arriver à donner satisfaction ni aux uns ni aux autres. La