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s’est vivement occupé de cette affaire et des négociations engagées à Pékin. De ces négociations naquit un projet de convention dont le gouvernement chinois avait accepté les clauses, et qu’on désigne sous le nom de convention Alcock, du nom du ministre plénipotentiaire, sir Rutherford Alcock, qui en a été le signataire et l’éditeur. La Revue a déjà fait connaître les principaux traits de cette convention, qui causa un mécontentement général[1] ; l’opposition fut telle de la part des commerçans du royaume-uni que le gouvernement en vint à la rejeter. Elle renfermait cependant quelques modifications qui eussent pu assurer au commerce étranger des avantages sérieux. Les Anglais, après avoir demandé beaucoup et avoir relativement peu obtenu, ont préféré rester dans le statu quo et renoncer au bénéfice de la révision.

Les avantages nouveaux que réclamait le commerce anglais peuvent se classer ainsi : 1° modifications des tarifs pour certains articles ; 2° protection accordée aux marchandises appartenant à des Anglais contre des taxes intérieures, droits d’octroi, contributions de guerre ou autres que les Chinois prélèvent sur leur transit, et que les négocians déclarent illégales ; 3° facilités commerciales nouvelles, telles que droit pour les étrangers de s’établir dans l’intérieur du pays, création de chemins de fer et de télégraphes, permission pour les navires à vapeur de prendre part à la navigation intérieure des fleuves et des canaux, exploitation des mines, notamment de celles de charbon ; 4° ouverture de nouveaux ports pour l’établissement du commerce étranger ou simplement comme stations des lignes de bâtimens à vapeur. Comme modifications des tarifs, les chambres de commerce ont réclamé peu de chose. L’inspectorat des douanes chinoises a dressé en 1867, pour éclairer le public, des tableaux indiquant la relation qui existe entre les droits perçus sur les articles du commerce et le prix moyen de ces articles[2]. D’une manière absolue, et par comparaison avec les taxes que perçoivent les États-Unis et les pays de l’Europe, ce tarif est peut-être le plus libéral du monde. Aussi la convention Alcock n’avait-elle cherché qu’à faire disparaître certaines inégalités. Elle avait légèrement augmenté les droits sur la soie et l’opium, et par contre avait diminué les droits sur le thé en poussière, les

  1. Voyez la Revue du 1er juillet 1871.
  2. Les droits représentent pour l’opium 6 3/4 pour 100, pour les cotonnades supérieures 6 7/10e pour 100, pour les cotonnades inférieures de 1 7/10e à 3 et à 5 pour 100, pour les lainages supérieurs de 3 à 5 1/2 pour 100, pour les lainages inférieurs de 2 à 3 1/2 pour 100, pour les métaux 5 1/2 pour 100, pour le thé noir 11 4/10e pour 100, le thé vert 8 6/10e pour 100, la soie grège 2 8/10e pour 100, les allumettes 5 pour 100, et l’horlogerie 5 pour 100.