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ayant fait un symbole confirmé par les pères de Constantinople et adopté par le premier concile d’Éphèse, et le très saint pape Léon ayant suffisamment éclairci, dans sa lettre à Flavien, ce qui regarde les hérésies de Nestorius et d’Eutychès, le présent concile embrasse cette foi et ne veut rien y ajouter, rien en retrancher. » À cette déclaration de Paschasinus, faite en latin, puis expliquée en grec, le concile s’écria : « Nous croyons tous ainsi ; c’est ainsi que nous avons été baptisés et que nous baptisons, que nous avons cru et que nous croyons. » Devant cette manifestation de la majorité, qui témoignait de sa persistance à ne faire aucune nouvelle définition, les magistrats n’osèrent aller plus loin, ils tournèrent la difficulté de manière à se rallier plus tard les légats, en leur faisant pour le moment la concession qu’ils désiraient. « Cela est bon, dirent-ils, mais il est essentiel de savoir d’abord si la lettre du révérendissime archevêque Léon s’accorde avec l’exposition des trois cent dix-huit pères de Nicée et celle des cent cinquante de Constantinople : que chacun des évêques énonce là-dessus son opinion en présence des saints Évangiles. » Le livre des Évangiles était placé sur un autel portatif, au milieu de la nef. L’archevêque de Constantinople, Anatolius, opina le premier. « Il y a, dit-il, entière conformité de doctrines : c’est pourquoi j’ai consenti à la lettre, et je l’ai volontiers souscrite. — La foi du pape Léon, ajouta Paschasinus au nom des légats, est celle des pères ; sa lettre, qui a renouvelé cette foi à cause de l’hérésie d’Eutychès, a été reçue comme émanant du même esprit. » L’archevêque d’Antioche, l’exarque d’Éphèse et les Orientaux en masse opinèrent de la même façon. Les évêques d’Épire, de Macédoine, de Thessalie et de Grèce, firent leur déclaration par écrit, qui fut dictée au nom de tous par l’évêque de Philippes. Ils y disaient « qu’ayant conçu des doutes sur certains points de la lettre du pape, ils en avaient demandé l’éclaircissement aux légats, et que ceux-ci, dans une conférence chez l’archevêque de Constantinople, avaient anathématisé quiconque sépare la divinité de la chair du Sauveur, tirée de la vierge Marie sa mère, et ne lui attribue pas tout ce qui est le propre de l’homme et du dieu, sans confusion, ni changement, ni division. » Cette explication fit voir au concile qu’il y avait eu des tiraillemens dans les conciliabules tenus chez l’archevêque à propos de la lettre du pape Léon, et que les points de la lettre qui avaient surtout été discutés concernaient la distinction des deux natures ; beaucoup d’évêques, trouvant de l’obscurité dans les mots, avaient accusé la lettre d’incliner à la séparation telle que l’enseignait Nestorius. Les légats avaient répondu aux objections, dissipé les doutes, mais il leur avait fallu prononcer anathème contre le nestorianisme et ses affiliations. C’est ce qui avait engagé