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train rapide de Paris à Marseille était surchargé par les malles expédiées en transit vers la Méditerranée ? Pour les postes comme dans toute industrie, il arrive un moment où l’encombrement de la marchandise crée de graves embarras et augmente la dépense. Il faut assurément faire le service coûte que coûte, mais il n’est que juste de retrouver dans la taxe nationale, internationale ou de transit, au moins le prix de revient. Ce qu’il importe seulement d’établir pour cette discussion, c’est que le coût du transit n’est point nécessairement au-dessous de celui des dépêches intérieures ; il peut même quelquefois être plus élevé. Dans tous les cas, lorsque la France traite avec une nation étrangère, il est prudent de procéder à une enquête pour savoir quelle est au juste la valeur des services que se rendent réciproquement les deux parties contractantes. On peut être certain que presque toujours, grâce à notre situation géographique et à la supériorité de notre organisation postale, la part de la France sera la plus forte, et devra par suite être la plus rémunérée.

L’assemblée nationale appréciera si les dispositions de la convention du 12 février 1872 sur le transit franco-allemand sont conformes à nos intérêts. Elles dérogent complètement aux principes recommandés par les précédentes assemblées, elles stipulent la gratuité pour le transit à découvert, et elles ne frappent le transit en dépêches closes[1] que d’une taxe très faible, dont une partie pourra même être éludée ; elles accordent pour les transports par mer le traitement réciproque de la nation la plus favorisée ; réciprocité bien illusoire, car nous donnons à l’Allemagne le service de plusieurs lignes de paquebots, et l’Allemagne, dont le littoral est si restreint, ne subventionne aucune ligne dont nous ayons à profiter ; enfin il semblerait résulter de la combinaison de certains tarifs que parfois la dépêche allemande transitant par la France et expédiée par nos paquebots serait moins taxée que la dépêche française adressée à la même destination.

Il serait permis de s’écarter des anciennes règles et d’entrer largement dans le système adopté par la convention du 12 février, si l’expérience démontrait que nos tarifs internationaux ou de transit, ainsi que le mode d’application, se sont opposés au développement des correspondances. La statistique démontre au contraire qu’à la faveur du régime actuel les correspondances se sont accrues dans des proportions très sensibles. De 1848 à 1869, le nombre des lettres intérieures s’est élevé à 364 millions, soit 242 millions ou

  1. Le transit à découvert s’applique aux correspondances expédiées par dépêches ou paquets à L’administration qui sert d’intermédiaire, et le transit en dépêches closes aux malles, valises ou paquets scellés que l’administration intermédiaire doit transmettre intacts à l’office destinataire.