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commerciales. Carthage et Alexandrie remplacent Tyr ; Rome détruit à son tour Carthage. Le développement de l’industrie et du commerce est entravé par l’institution de l’esclavage, et le mauvais état des voies et des instrumens de transport. Au moyen âge, après l’invasion barbare, nous voyons naître le régime des corporations. La féodalité est l’ennemie de l’industrie et du commerce, elle gêne l’extension des arts manuels. C’est pourquoi les républiques italienne, flamande, hanséatique, sont alors si puissantes. La découverte de l’Amérique, l’esprit de libre examen, l’invention de l’imprimerie, viennent à leur tour changer les conditions du travail. Les colonies se fondent. Le Portugal, l’Espagne, la Hollande, prennent successivement dans le commerce et l’industrie la place des républiques italiennes. Les voies de transport sont améliorées, les canaux à écluses découverts par Léonard de Vinci. Les épices, le sucre, le café, le thé, le tabac, entrent de plus en plus dans la consommation européenne. Le système manufacturier de Colbert, l’acte de navigation de Cromwell, font. la grandeur de la France et de l’Angleterre. La science économique naît, et en même temps qu’elle une invention nouvelle qui va changer la face du monde, l’application mécanique de la vapeur. L’invention de Watt, celle d’Arkwright dans la filature, doublent la production, et donnent naissance à la grande industrie. Viennent les chemins de fer, les bateaux à vapeur, le télégraphe électrique. Les placers de la Californie, de l’Australie, les mines d’argent de la Nevada, sont découverts et fournissent au monde l’abondante quantité de numéraire dont il a besoin pour ses nouvelles transactions. L’esclavage est peu à peu aboli dans les colonies, et l’on ne tarde pas à reconnaître les avantages du travail libre sur le travail servile ; mais, à mesure qu’un progrès se fait d’un côté, un mal s’annonce de l’autre : la question sociale apparaît, et avec elle les grèves, les coalitions, qui créent une situation périlleuse aux affaires. Dans tous les cas, les différens progrès que les sociétés humaines ont réalisés depuis les commencemens de l’histoire ont été presque partout le fruit du commerce et de l’industrie, et c’est grâce à eux que la civilisation, après avoir été un fait local, est devenue un fait universel.

Si les élèves peuvent tirer de l’histoire générale du commerce des enseignemens si élevés, de quel secours encore n’est pas pour eux l’étude de la construction et des arméniens maritimes ! A notre époque, le navire est devenu une machine compliquée, savante, et nous avons eu successivement le grand navire à voiles, à quatre mâts, du poids de 3,000 à 5,000 tonnes, le clipper américain, et le grand navire à vapeur, construit en fer, sur le type du steamer actuel des Anglais. Ces derniers navires, que l’on ne croyait destinés