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usités en ces différens endroits. Bientôt ils combinent toutes ces connaissances au moyen des calculs de l’arithmétique appliquée. Dans une salle qu’on appelle le bureau, ils se livrent à des opérations commerciales simulées. Expliquons en peu de mots ce cours ingénieux, imaginé en premier lieu par les Américains dans leurs écoles de commerce, mais surtout développé et pratiqué à Anvers, importé ensuite à Mulhouse, au Havre et dans les autres écoles.

Le bureau commercial, tel qu’il fonctionnait naguère à l’institut supérieur du commerce d’Anvers, comprenait différentes sections : celles de Londres, de New-York, de Bombay, correspondant avec celles d’Anvers. Dans chaque section était réparti un certain nombre d’élèves. Ceux d’Anvers faisaient par exemple en français une demande de coton à ceux de New-York ; ceux-ci répondaient en anglais. On discutait les prix, le cours du change, on fixait le fret, l’assurance. A l’arrivée, on réglait les avaries, on vendait la marchandise au cours du jour, on payait le courtage, etc. De la sorte, on avait passé par tous les détails d’un achat et d’une vente. Tout cela se trouvait indiqué sur des livres régulièrement tenus d’après les principes de la comptabilité en partie double. On a substitué tout récemment à ce système de sections, qui offrait quelques inconvéniens, une organisation plus large. Chaque élève se livre à des spéculations de tout genre en marchandises ; on traite des affaires de banque, de fonds publics, de change, d’armement, de transport, pour son compte personnel ou le compte de tiers, — en un mot on passe en revue toutes les opérations commerciales auxquelles peut se livrer un négociant, un banquier, un agent de change, un courtier, un-armateur, un commissionnaire, un agent de transports. A la fin de l’année, toutes les opérations sont liquidées. La maison fictive établit son bilan, et le résultat dit si elle est en bénéfice ou en perte. Le jeu seul des opérations est idéal, la base sur laquelle on a marché est certaine, et c’est sur les prix courans transmis chaque jour à l’institut des différentes places commerciales du monde que se font les opérations. On comprend combien un cours si pratique doit ouvrir l’intelligence des élèves, les intéresser, et quel profit ils peuvent retirer d’un enseignement si positif et si précis. Aussi quelques-uns ne suivent-ils que ce cours, qui est divisé en deux années. J’ai assisté aux opérations du bureau commercial de l’une et l’autre section. Il y avait soixante élèves dans la première année, vingt-quatre dans la seconde, et tous se livraient à leurs travaux avec beaucoup de zèle et d’entrain. On n’a eu garde, dans les écoles qu’on a récemment fondées ou que l’on fonde en ce moment en France, d’oublier l’établissement du bureau commercial. Nous le voyons fonctionner à Mulhouse à peu près sur