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partisans de Boniface, qu’il était « domestique » du roi et son chancelier, ainsi que dans la réponse que leur fera Nogaret[1].

Si des souvenirs peu honorables restent attachés à certains actes de l’administration de Nogaret, de belles et grandes institutions paraissent aussi dater de lui. M. Boutaric a prouvé que la première organisation des archives de la couronne lui appartient. Saint Louis avait placé à la Sainte-Chapelle la collection appelée trésor des chartes. Philippe le Bel, en 1307, institua, sur la proposition de Nogaret, la charge de garde du trésor des chartes, et la confia à Pierre d’Étampes, chanoine de Sens, un de ses clercs, qui rédigea des inventaires dont quelques-uns existent encore. Nogaret fît transcrire sur des registres spéciaux, et dans un ordre méthodique, les actes les plus importans dont les originaux étaient déposés au trésor des chartes.

Comme garde du sceau ou vice-chancelier conseiller du roi, Nogaret fut pendant les années 1308 et 1309 le principal ministre de la royauté. A Poitiers, le 29 juin 1308, il passe un acte de pariage entre le roi et Bernard de Saisset, évêque de Pamiers, qui s’était réconcilié avec Philippe. Dans cet acte, l’évêque de Pamiers associe le roi, tant en son nom qu’en celui de son église et de son chapitre, à la justice et aux droits de tous les domaines qui dépendaient de lui, et qui consistaient dans les faubourgs de la ville de Pamiers, le village des Allemans, etc., à condition que le roi ne pourra jamais les aliéner de son domaine. Ce pariage a subsisté jusqu’à la révolution. En 1308, il assiste, avec Enguerrand de Marigni, au contrat fait entre le roi et Marie de la Marche, comtesse de Sancerre, qui prétendait au comté de la Marche. En la même année (septembre), Nogaret traite pour le roi avec Aymar de Valence, comte de Pembrocke, pour les prétentions qu’avait ledit Aymar sur les comtés de la Marche et d’Angoulême. En 1309, le roi le commet pour lever les difficultés qui s’élevaient sur le traité récemment fait avec l’archevêque de Lyon. On trouve dans les écrits de Nogaret plus d’une trace de cette mission. En 1310, le samedi avant la fête de saint Clément, il fait droit, à Longchamps, à une réclamation du chapitre de Paris et de l’abbaye de Saint-Denis. C’est en 1309 que Nogaret devint définitivement seigneur de Tamarlet, de Manduel et des autres terres nobles à lui assignées dans l’évêché de Nîmes. En 1309 se place également un différend entre Nogaret et Pierre, abbé de Psalmodi, monastère situé à une lieue au nord d’Aigues-Mortes, près de l’embouchure de la Vidourle, dans une île dont le côté méridional est baigné par la

  1. Voir la note précédente. D’autres diplômes allégués par dom Vaissète ne laissent aucun doute sur ce point.