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lantes, comme érectiles, et leurs conduits laissent écouler les liquides sécrétés en abondance.

Il faut donc reconnaître dans les organes deux ordres de circulations : d’un côté la circulation générale, connue depuis Harvey, et de l’autre les circulations locales, découvertes et étudiées seulement dans ces derniers temps. Dans les phénomènes de circulation générale, le sang ne fait en quelque sorte que traverser les parties pour passer des artères dans les veines ; dans les phénomènes de la circulation locale, qui est la vraie circulation fonctionnelle, le fluide sanguin pénètre dans tous les replis de l’organe, et s’accumule autour des élémens anatomiques pour réveiller et exciter leur mode d’activité spéciale. Le système nerveux, sensitif et vaso-moteur, préside à tous les phénomènes de circulations locales qui accompagnent les fonctions organiques ; c’est ainsi que la salive s’écoule abondamment lorsqu’un corps sapide vient impressionner les nerfs de la membrane muqueuse buccale, et que le suc gastrique se forme sous l’influence du contact des alimens et de la surface sensible de l’estomac. Toutefois cette excitation mécanique sur les nerfs sensitifs périphériques, venant retentir sur l’organe par action réflexe, peut être remplacée par une excitation purement psychique ou cérébrale. Une expérience simple vient en donner la démonstration. Prenant un cheval à jeun, on découvre sur le côté de la mâchoire le canal excréteur de la glande parotide, on divise ce conduit, et rien n’en sort ; la glande est au repos. Si alors on fait voir au cheval de l’avoine, ou mieux, si, sans rien lui montrer, on exécute un mouvement qui indique à l’animal qu’on va lui donner son repas, aussitôt un jet continu de salive s’écoule du conduit parotidien, en même temps que le tissu de la glande s’injecte et devient le siége d’une circulation plus active. Le docteur Beaumont a observé sur son Canadien des phénomènes analogues. L’idée d’un mets succulent déterminait non-seulement un appel de sécrétion dans les glandes salivaires, mais provoquait encore un afflux sanguin immédiat sur la membrane muqueuse stomacale.

Ce que nous venons de dire sur les circulations locales ou fonctionnelles ne s’applique pas seulement aux organes sécréteurs où s’opère la séparation d’un liquide à la formation duquel le sang doit plus ou moins concourir ; il s’agit là d’un phénomène général qui s’observe dans tous les organes, quelle que soit la nature de leur fonction. Le système musculaire, qui ne produit qu’un travail mécanique, est dans le même cas que les glandes, qui agissent chimiquement. Au moment de la fonction du muscle, le sang circule avec une plus grande activité, qui se modère quand l’organe entre en repos. Le système nerveux périphérique, la moelle épi-