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aux dépens du public en maintenant leur matériel trop au-dessous des proportions qui ont été reconnues nécessaires par d’autres compagnies ; mais cette impression ne serait pas exacte, car en fait il ne paraît pas que dans les périodes ordinaires le service des marchandises soit moins régulier sur les lignes de l’Ouest et d’Orléans que sur les lignes du Nord et de Lyon, ni que, pendant la crise, l’encombrement ait été plus grand sur les unes que sur les autres. Il faut, pour calculer le nombre de wagons à entretenir sur une ligne, avoir égard à la longueur du réseau, à la nature du trafic, à la multiplicité des gares et des embranchemens, à beaucoup de détails accessoires qui rendent plus facile ou plus lente, suivant les cas, la manœuvre du transport. L’art d’utiliser les wagons et de leur faire rendre le maximum de service est très appréciable dans une exploitation de chemin de fer, et il se pourrait qu’il fût mieux pratiqué dans telle compagnie que dans telle autre. Les différences que l’on remarque entre les chiffres des effectifs existeront toujours à un degré plus ou moins grand. On s’explique par exemple que la compagnie du Nord, chargée de transporter d’énormes quantités de houille et d’opérer à une certaine période de l’année la plus forte partie de ces transports, soit obligée d’entretenir beaucoup plus de wagons que ne le font les compagnies de l’Ouest et d’Orléans, dont le trafic se compose en général de marchandises moins encombrantes.

En Belgique, la proportion du matériel sur les chemins de fer de l’état est de 11 wagons par kilomètre, et en Angleterre de 12 wagons. Ce chiffre, relativement élevé, du matériel anglais se justifie d’abord par la supériorité du trafic, puis par la multiplicité des compagnies, enfin par l’organisation particulière des transports. En Angleterre, les mines de houille et de minerai sont propriétaires des wagons qu’elles font circuler sur les voies ferrées moyennant péage, et il existe des compagnies particulières qui louent des wagons à l’année, au mois, à la journée, non-seulement aux industriels et aux négocians qui peuvent faire des chargemens considérables, mais encore aux compagnies de chemins de fer, qui trouvent dans cette combinaison la faculté de diminuer le capital de leur matériel roulant. Ces divers procédés, usités sur la plupart des lignes anglaises, présentent des avantages et des inconvéniens, au sujet desquels les appréciations sont très diverses. Malgré tout, ils ont pour conséquence l’accroissement du nombre des wagons disponibles. Ajoutons que les trains de marchandises sur les chemins de fer anglais ont plus de vitesse que partout ailleurs, de telle sorte qu’un wagon régulièrement employé y transporte annuellement un plus fort tonnage. Cette vitesse se paie ; les tarifs sont plus élevés qu’en France, où le commerce recherche avant tout l’économie. Sauf de rares expéditeurs qui obtiennent d’ailleurs satisfaction par les services à