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l’effectif du matériel, c’est-à-dire le nombre des locomotives et des wagons, d’après le développement que la réduction des tarifs imprime à la circulation. S’il arrivait néanmoins que par une erreur de calcul ou par l’effet de circonstances exceptionnelles le tonnage des marchandises excédât la capacité des wagons disponibles et ne permît pas de se conformer aux délais stipulés, les compagnies pourraient diminuer ce tonnage et se tirer d’embarras en relevant soit les tarifs spéciaux, soit même le tarif général, jusqu’aux limites du tarif maximum inscrit dans le cahier des charges. Dès le début de la crise ; les entreprises de roulage et une partie de la navigation fluviale, profitant de l’abondance des transports, avaient haussé leurs prix. Les compagnies de chemins de fer ne l’ont pas fait ; en échange des prolongations de délais, elles ont maintenu les réductions de tarifs. Elles avaient intérêt à ne point modifier les conditions favorables qui avaient été précédemment accordées à l’industrie et au commerce ; cependant, s’il leur avait fallu exécuter dans toute sa rigueur la clause des délais, elles auraient été nécessairement obligées de recourir à ce procédé très légal et de repousser à coups de tarif l’encombrement des marchandises. Or quelle, perturbation n’eût pas causée une telle mesure ! Il en serait résulté l’augmentation du prix de la houille et des matières premières destinées, aux usines, l’interruption et même la ruine des spéculations mercantiles, un renchérissement général qui, en frappant tous les produits, eût ralenti le commerce au moment même où il était si nécessaire de lui ouvrir le plus libre parcours. On aurait eu alors, non plus une crise des transports, c’est-à-dire un embarras momentané diminuant de jour en jour, mais une crise économique, affectant tout à la fois la production, l’échange et la consommation, le commerce intérieur et le commerce étranger. Les établissemens industriels et les transactions de toute sorte, créés sur la foi des tarifs réduits, n’auraient pu résister à une hausse subite, et les chemins de fer auraient détruit d’un seul coup les élémens de prospérité qu’ils ont partout répandus. Les compagnies n’ont point usé des armes que leur fournissait en cette occasion le texte de leurs contrats, et il est juste de rappeler qu’elles en avaient le droit, de constater qu’elles n’ont pas relevé les prix de transport pour les expéditeurs qui acceptaient des prolongations de délais.

La nécessité d’accélérer les transports, n’en était pas moins urgente. Aussi la commission d’enquête a-t-elle dû se rendre compte des efforts qui avaient été faits pour accroître les expéditions. Or il lui fut démontré que, malgré la réduction du matériel. disponible, malgré la désorganisation du personnel, les compagnies avaient opéré dans le dernier semestre de 1871 beaucoup plus de transporte