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ministère tient à témoigner qu’il ne recherche pas les ténèbres ; il appelle le contrôle, il veut la vérité. Il n’accepte plus cette fiction commode qui a servi si longtemps à couvrir les opérations en matières, et il s’efforce de détruire, à force de conscience et de loyauté, les préventions dont ces opérations ont été jusqu’ici l’objet. Aussi ne laisse-t-il plus subsister l’ancienne distinction du matériel en deux catégories ; il pense qu’il n’y a plus lieu de maintenir un privilège qui enlève au contrôle de la cour des comptes une partie importante du matériel de l’état. Toutes les matières sans distinction seront soumises aux mêmes règles et à la même surveillance. Il en est de même pour l’Algérie, dont les magasins étaient restés jusqu’à présent sous le contrôle exclusif de l’administration. La conséquence de cette mesure en ce qui concerne le matériel de deuxième catégorie ou matériel permanent est d’assurer la protection des vérifications judiciaires à des valeurs qui s’élèvent à 18 millions pour le génie, à 4 millions pour les vivres, à 3 millions pour l’artillerie, à 5 millions pour le dépôt de la guerre, et à 21 millions pour l’habillement et le campement.

Par une disposition inverse, on a éliminé de la comptabilité des matières tout ce qui l’embarrassait inutilement, par exemple les matières et denrées alimentaires ne formant pas approvisionnemens, et destinées à une consommation immédiate, telles que la viande fraîche et le poisson. Les entrées et les sorties de ces matières compliquaient sans profit les écritures, et on pouvait ici remplacer sans inconvénient l’ancien mécanisme par quelques garanties données sur les pièces mêmes de la comptabilité en deniers.

La réforme de la comptabilité-matières de la guerre a été couronnée par des dispositions nouvelles sur les recensemens. Il est inutile d’insister sur l’importance de cette opération : elle est au magasin ce que la vérification du numéraire et des valeurs est à la caisse. Les chiffres portés dans des registres et dans des états, quoique bien alignés et coordonnés, ne sont qu’une chimère, s’ils ne correspondent pas exactement à des faits. A quoi sert de faire ressortir sur le papier les situations les plus satisfaisantes, si en réalité les arsenaux ne contiennent rien, si, en dehors des opérations réglementaires inscrites dans la comptabilité, les préposés ont pu vider leurs magasins par des sorties frauduleuses ? Pour reconnaître si le compte est d’accord avec la réalité, si les arsenaux contiennent ce qu’ils doivent contenir, si les approvisionnemens n’ont subi aucune diminution, il n’y a qu’un moyen : recenser tout le matériel, et constater la concordance de ce recensement avec les résultats des écritures.

L’ancien règlement prescrivait de procéder le 31 décembre de