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qui peut servir aux besoins d’une grande armée ; mais il faut assez d’ordre et de vigilance pour assurer la conservation de ce matériel, assez de méthode dans le classement pour éviter toute confusion, et pour qu’à la première demande il soit possible de fournir les armes et les matières dont l’existence est parfois une question de salut public. On voudrait ici examiner les moyens employés pour assurer ces résultats, et indiquer ensuite les principaux points de la réforme réalisée par le ministre de la guerre.

Parmi les précautions minutieuses et les dispositions de tout genre qui ont été successivement adoptées dans le régime des arsenaux, la plus importante a été l’établissement de la comptabilité des matières. On a commencé par dresser des inventaires, puis on a tenu note, sur des registres, des objets qui entraient dans les magasins ou qui en sortaient ; on a fait des recensemens, on s’est étudié enfin à créer un instrument à l’aide duquel on pût suivre et contrôler l’existence ou l’emploi du matériel. Cette comptabilité fut longtemps réservée aux seuls besoins de l’administration et assujettie à son seul contrôle. La loi du 6 juin 1843 vint la placer dans des conditions nouvelles en ordonnant que les comptes-matières seraient soumis au contrôle de la cour des comptes. Parallèlement à la vérification des deniers, qui comprenait toutes les opérations des comptables des finances, on constituait une comptabilité du matériel qui devait reproduire toutes les opérations des gardes des magasins. On étendait les mêmes règles et le même contrôle à toutes les valeurs de l’état, quelle qu’en fût la forme ; les magasins étaient considérés comme de vastes caisses dont les préposés étaient déclarés responsables. On décida qu’aucun mouvement ne pourrait y avoir lieu sans être reporté sur des livres. Ces mouvemens furent divisés en entrées ou recettes et en sorties ou dépenses. Parmi les premières, on rangea tout ce qui était admis à un titre quelconque à la suite d’achats, de fabrications, de remises faites par les corps ou par les divers services publics, parmi les secondes tout ce qui était extrait pour les distributions, les transformations, les envois aux corps, places et arsenaux. La comparaison des entrées et des sorties établissait la situation du magasin. Ces résultats étaient consignés dans des comptes dont on s’appliqua chaque année à perfectionner le modèle, et qui étaient envoyés avec les pièces à l’appui à l’administration centrale du ministère. Là un bureau spécial fut chargé de centraliser les opérations, de les contrôler, de les récapituler par services dans des résumés, de former enfin le compte général destiné à être soumis aux chambres législatives, La cour des comptes devait de son côté recevoir du ministre tous ces documens, constater la régularité des opérations,