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hiérarchie, un grand-prêtre, le premier après le roi, comme à Comana de Cappadoce, dont la dignité était souvent héréditaire, comme chez les Hébreux, en Phénicie, à Paphos. Ensuite venaient les prêtres et les théophorètes, puis tous ceux qui, comme les lévites d’Israël, remplissaient dans le temple des fonctions inférieures, les chantres, les joueurs de flûte et de harpe ou kinnor, ceux qui coupaient, fendaient le bois des bûchers où l’on brûlait la chair des victimes, ceux qui apportaient l’eau pour les lustrations, etc., enfin les netinim ou esclaves du temple. Les prêtres de tout sanctuaire important possédaient en propre une ou plusieurs villes, avec des domaines considérables que mettait en rapport une population de laboureurs et de bergers, vassaux du temple. On sait que les lévites pouvaient résider dans un grand nombre de villes situées sur le territoire des tribus d’Israël, avec le droit de pâturage hors les murs de chacune de ces villes. Ils possédaient quarante-deux villes et six villes de refuge. Ils prélevaient en outre la dîme sur les fruits des champs et des jardins et sur les animaux domestiques.

Parmi les prêtres, les uns demeuraient dans le temple, les autres vaquaient ça et là dans les campagnes et dans les villes, prenant du service là où ils en trouvaient[1]. Car, aux jours antiques, tout chef de famille qui pouvait entretenir un ou plusieurs prêtres dans sa maison ne s’en faisait faute. Micha en achète un, un lévite de Bethléem de Juda, au prix de dix pièces, d’argent par an. Micha avait sous son toit une idole en fonte, sans doute un taureau de métal, un éphod et des téraphim, si bien que sa maison était pour les gens du pays une « maison des dieux, » Beth-Elohim. Mais les bandes de hiérodules se composaient surtout de kedeschim. Ces cinèdes, plusieurs fois expulsés du royaume de Juda par quelques princes piétistes, comme Assa et Josaphat, s’y trouvaient encore en grand nombre aux derniers temps de la royauté, puisque le Deutéronome les désigne comme habitant dans le temple même de Jérusalem. Le saint livre donne à ces dévots d’Aschera le nom significatif de « chiens. » Ces eunuques sacrés portaient des vêtemens de femme aux couleurs éclatantes, ils se coiffaient d’un turban de lin ou de soie jaune, ils se fardaient le visage et se mettaient de l’antimoine aux yeux. En tout, ils voulaient paraître femmes. Leurs molles attitudes, leur air lascif et provoquait, allaient parfois jusqu’à donner le change[2]. Qui ne connaît le mythe d’Hercule et d’Omphale ? Qui ne sait que l’union d’Adonis et d’Astarté fut figurée par des représentations hermaphrodites ? L’aphrodite de Cypre avait

  1. Jud., XVII-XVIII.
  2. Saint Augustin, De civil. Dei, VIII, 26.