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On entendait raconter quelquefois, dans les dernières années de l’empire, que les généraux exerçaient leurs troupes à entrer dans les wagons et à en sortir sans trop de confusion ; mais c’était tout. Songeait-on, ce qui eût été plus important, à organiser des lignes de défense le long des voies ferrées ? de petites troupes de cavalerie étaient-elles dressées à couper la voie ou à mettre une locomotive hors de service ? le génie militaire eût-il su rétablir les rails en un instant ? s’était-on demandé quelles parties d’un chemin de fer il faut détruire pour empêcher l’adversaire d’en profiter ? Aucune de ces questions n’avait été étudiée. On ne sait que trop ce qu’il en advint. Au début de l’invasion, l’armée allemande trouva la voie intacte et n’eut aucune peine à se faire suivre par ses convois d’approvisionnemens. Personne n’ignore cependant que la destruction du tunnel de Saverne eût été le plus sérieux embarras pour elle, surtout avec la résistance héroïque de la petite ville de Phalsbourg qui commandait la route de terre. Plus tard, après la capitulation de Sedan, on eut la malencontreuse idée de détruire sans distinction tous les ouvrages d’art qui se trouvaient sur le chemin de l’ennemi. Ce fut un grand dégât avec peu de profit, car les ponts détruits furent rétablis à bref délai ; il n’y eut que l’effondrement du tunnel de Nogent-l’Artaud qui fut un obstacle durable. Tout cela pouvait être prévu avec quelque réflexion ; espérons du moins que la leçon sera profitable. M. Jacqmin ferait un utile complément à son savant ouvrage en y ajoutant, avec l’expérience acquise, un chapitre sur l’usage des chemins de fer en temps de guerre. Ce serait au surplus l’occasion de mettre en lumière les laborieux efforts d’un personnel qui a multiplié les preuves de dévoûment lorsque les compagnies françaises ; privées de la jouissance de leurs lignes principales, réussirent pendant les derniers temps de la lutte à transporter des corps d’armée entiers ainsi que leurs bagages avec un matériel insuffisant et des voies encombrées.


H. BLERZY.



Die romantische Schule, von R. Haym, Berlin 1870.


Le mot romantisme a pour les Allemands un sens bien plus étendu que pour nous. Il ne désigne pas seulement une tendance littéraire, une certaine direction poétique, un ensemble de compositions très diverses de forme et d’inspiration, sans dessein commun, sans plan arrêté, sans rien en un mot de ce qui constitue véritablement une école ; il comprend toute une phase, et une des principales, dans le développement de l’esprit national : c’est une période d’histoire littéraire, philosophique, religieuse, — c’est plus qu’un mouvement d’imagination, c’est une véritable révolution morale. M. Haym la met en parallèle avec la