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LES
GEYSERS DE CALIFORNIE

Il y a quelques années, j’étais en rade de San-Francisco, médecin d’une grande frégate de guerre portant pavillon d’amiral, très fêté, ainsi que tout l’état-major, par nos compatriotes, qui disputaient aux Anglais et aux Américains l’honneur de nous accueillir. Je voulus mettre à profit d’aussi favorables dispositions pour m’initier à la connaissance du pays.

Dans l’origine, au moment où le flot de l’émigration, poussé par la fièvre de l’or, arriva en Californie, il n’y avait dans la baie du Sacramento qu’une étroite plage de sable resserrée entre la mer et la montagne ; un peu plus au nord seulement existait une plaine marécageuse appelée la Mission, que les premiers colons se gardèrent bien d’occuper. Une lutte à coups de pioche bientôt commencée permit seule de conquérir le sol aux dépens de la mer, l’un servant à combler l’autre. Aujourd’hui la rue Montgomery, au centre de la ville, n’est autre que l’endroit où sept ans plus tôt mouillaient les navires. Lors de notre passage sur ce sol de si récente et si rapide formation, les constructions se faisaient sur pilotis à peine remblayés ; sous les quais, la vague s’engouffrait encore, et nous mouillait les pieds à travers un plancher mal joint. Les ponts de débarquement s’avançaient à perte de vue presque au milieu de la rade, afin de permettre l’accostage des navires d’un grand tirant d’eau. Une fois familiarisé avec le spectacle, d’abord si nouveau pour moi, de la bruyante activité dont le port et la ville étaient le théâtre, je résolus de pénétrer dans l’intérieur des terres, de visiter les placers, les mines de mercure de New-Almaden, et surtout les geysers.

Les placers étaient alors le lieu de rendez-vous de tous les hommes de pioche, tamisant la terre pour leur compte, fouillant