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au centre, y transporte aussi la chaleur, puis à un moment donné il tombe en convulsions, les battemens de son cœur s’arrêtent, et il s’éteint en poussant un cri. On observe, au moyen du thermomètre, que la température du corps de l’animal est, dans tous les cas, supérieure de 4 ou 5 degrés au chiffre qui représente la température normale. Ainsi au début l’animal est excité, ses fonctions semblent s’accomplir avec une vigueur nouvelle, à peu près comme aux premiers rayons du soleil d’avril les pulsations de la vie deviennent plus rapides chez tous les êtres ; mais cette excitation n’est que passagère, et bientôt, parvenue à un certain degré, cette chaleur fait place au froid de la mort. M. Bernard a examiné avec soin les animaux qui succombaient dans ces conditions, et le premier phénomène qui l’a frappé, c’est la promptitude avec laquelle survient la rigidité cadavérique. Le cœur est devenu soudain insensible à toute excitation ; des taches ecchymotiques existent en plusieurs endroits de la peau. La chaleur a figé, coagulé la matière molle qui constitue les fibres musculaires. Celles-ci ont été comme foudroyées. D’autre part, le sang artériel de l’animal a noirci, s’est appauvri en oxygène, s’est chargé d’acide carbonique et a pris l’aspect du sang veineux. Cependant dans cet état le sang n’a pas perdu ses propriétés physiologiques, et, sous l’influence d’une nouvelle quantité d’oxygène, il peut recouvrer son état normal et redevenir rutilant. La chaleur, pourvu que le degré n’en soit pas trop élevé, ne fait qu’activer la combustion sanguine sans altérer le sang. Le système nerveux ne paraît pas non plus souffrir beaucoup. L’élément le plus profondément atteint, c’est le muscle ; la chaleur est un poison du système musculaire, comme le sulfocyanure de potassium et l’upasantiar. C’est la perte des propriétés vitales de ce système qui, en déterminant la rigidité des muscles, puis l’arrêt de la circulation et par suite de la respiration, est une cause fatale de mort. Cette destruction de la fibre musculaire contractile se fait vers 37 ou 39 degrés chez les animaux à sang froid, vers 43 ou 44 degrés chez les mammifères, vers 46 ou 48 degrés chez les oiseaux, c’est-à-dire en général à une température de 5 ou 6 degrés plus élevée que la température fixe de l’animal. M. Bernard fait remarquer que, dans aucun cas, il n’est permis d’admettre que la vie oppose une sorte de résistance à réchauffement ; au contraire le mouvement vital tend à l’accélérer, et cela se conçoit. La chaleur interne produite par l’animal se joint à la chaleur acquise, et le renouvellement du sang, qui est la condition de réchauffement, se fait alors avec beaucoup plus d’activité. Ajoutons que tout récemment M. Demarquay appliquait de la façon la plus heureuse, et sans s’en douter, cette action toxique de la chaleur sur les muscles. Il a guéri des malades affectés de ces affreuses contractures musculaires qui caractérisent le