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animale dans les maladies ne peuvent être attribués qu’à un état correspondant survenu dans l’énergie des combustions respiratoires, On ne sait pas encore au juste la cause de ces variations, c’est-à-dire par quel mécanisme les influences morbides accélèrent ou ralentissent l’activité de la calorification. Quelques médecins y voient l’effet d’une fermentation que provoqueraient dans le sang certains êtres microscopiques tels que bactéries et vibrions, qu’il est peut-être permis de supposer dans la plupart des maladies fébriles. D’autres prétendent que, dans les phlegmasies locales, c’est l’organe enflammé qui communique la chaleur au corps entier, comme un calorifère à un espace clos. Le trouble semblerait à d’autres plutôt d’origine nerveuse, puisque les nerfs, comme nous l’avons vu, sont les régulateurs de l’action thermique.

Le seul moyen exact d’apprécier la température dans les maladies est l’emploi du thermomètre. Swammerdam le premier, au milieu du XVIIe siècle, semble en avoir eu l’idée. De Haën et Hunter au siècle dernier en usèrent dans leur pratique médicale, mais la thermométrie clinique n’a réellement pris d’importance que de nos jours, grâce aux travaux de MM. Bouillaud, Gavarret, Roger, Hirtz et Charcot en France, Bærensprung, Traube et surtout Wunderlich en Allemagne. Ces médecins ne se sont pas bornés à constater que la température s’élève de plusieurs degrés dans les maladies ; ils ont suivi les variations thermiques jour par jour, heure par heure, dans les diverses phases des évolutions pathologiques. Ils ont découvert que les courbes de ces oscillations fournissent pour chaque maladie, des types constans, qui se modifient d’une manière déterminée suivant que la maladie a été abandonnée à elle-même ou traitée par tel ou tel agent médicamenteux. On peut donc, en étudiant ces courbes thermopathologiques, suivre la marche des maladies et y trouver de précieuses indications pour le diagnostic ou le pronostic. Dans l’hémorrhagie cérébrale par exemple, la température descend brusquement à 36 et même à 35 degrés, tandis que dans l’attaque apoplectiforme elle reste à 38 degrés à peu près. Ces deux maladies, bien distinctes au point de vue du traitement et de la guérison, donnent néanmoins lieu souvent à une confusion que le thermomètre, permettra désormais d’éviter. La méningite granuleuse se distingue par le même moyen de la méningite simple ; dans la première, il n’y a aucune élévation de la température malgré la rapidité extrême du pouls, dans la seconde au contraire le thermomètre accuse 40 ou 41 degrés.

En tout cas, on voit quel profit la médecine pratique peut tirer des sciences physiques, quelle précision et quelle sûreté elle reçoit de l’application des instrumens à la mesure des symptômes morbides. Ajoutons que là est en partie l’avenir du diagnostic. En