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abaisse, presque jamais l’influence morbide n’est compatible avec le degré de la température normale du corps. Au temps d’Hippocrate, à l’époque où l’on ne pratiquait pas encore l’exploration du pouls, l’élévation de la température constituait l’unique élément de la maladie la plus vulgaire, la fièvre. Galien la définit tout simplement une chaleur extraordinaire (calor prœternaturalis substantia febrium). Les anciens ne se trompaient pas. Il a été reconnu et démontré de nos jours que l’exaltation de la chaleur animale est bien le caractère spécifique de l’état fébrile. D’une part, il n’y a jamais de fièvre quand la température reste au degré normal, de l’autre la fréquence du pouls peut atteindre les dernières limites sans qu’il y ait mouvement fébrile, ainsi que cela se voit dans l’hystérie. Toutes les fois que la chaleur du corps dépasse 38 degrés, on peut affirmer qu’il y a fièvre, et, sitôt qu’elle descend au-dessous de 36 degrés, il y a ce qu’on appelle de l’algidité. Ainsi dans l’étroite limite de 2 degrés à peine se meut la chaleur normale. En dehors de ces limites, c’est-à-dire au-dessus de 38 degrés et au-dessous de 36 degrés, la température est l’indice d’un trouble morbide. Dans la fièvre ordinaire intermittente, elle s’élève deux ou trois heures avant le frisson, atteint un maximum quand celui-ci se termine, puis décroît. Les inflammations aiguës et franches, telles que pneumonies, pleurésies, bronchites, érysipèles, etc., sont caractérisées par une période de trente-six heures ou deux jours environ, pendant laquelle la chaleur monte peu à peu à 41 degrés. Vers le troisième jour, cette chaleur tombe, quitte à reparaître par exacerbations de 1/2 à 1 degré pendant trois ou sept jours, au bout desquels la maladie est à son terme. Quand la température augmente graduellement après le troisième jour, il faut s’attendre à une issue fatale. La chaleur persistante est ici le signe précurseur de la mort. Les fièvres éruptives, comme la variole, la scarlatine, la rougeole, présentent des phénomènes thermiques très importans. La chaleur y commence avec l’invasion du mal, et augmente jusqu’à l’éruption cutanée. Elle se maintient à un maximum (qui atteint 42 degrés 1/2 dans la scarlatine) jusqu’à ce que l’éruption soit complète, puis elle entre en défervescence, variable avec les phases de l’éruption, qui finit soit par une desquamation (scarlatine), soit par une suppuration (variole). Enfin la température s’élève aussi dans plusieurs affections chirurgicales déterminant un état plus ou moins phlegmasique et fébrile. C’est ce qu’on observe dans les plaies, et en général dans toute sorte de traumatisme, dans le tétanos, dans les anévrysmes, etc. Dans les cas de hernies étranglées et de brûlures et dans la plupart des empoisonnemens, elle diminue au contraire d’une façon notable.

Évidemment cette exaltation et cet abaissement de la chaleur