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succéder les générations d’artistes et d’érudits dont les travaux, à quelque degré que ce soit, intéressent l’histoire ou résument la vie de notre école moderne ; c’est là que, placée enfin dans des conditions de salubrité suffisantes, sinon dans un espace assez vaste pour ses richesses, la collection de France acheva de devenir la première du monde par la variété, le nombre et l’importance des monumens ajoutés d’année en année à ceux dont elle se composait à l’origine.

On sait quelle portion de la Bibliothèque lui est consacrée aujourd’hui. Retiré au mois d’octobre 1854 des entre-sols qui devaient, quelques années plus tard, disparaître avec le bâtiment dont ils faisaient partie, le département des estampes fut installé dans la galerie basse du palais Mazarin que François Mansart avait disposée jadis pour y loger les statues antiques appartenant au cardinal. De nouvelles salles et deux nouvelles galeries ouvertes au-delà de celle-ci par l’architecte chargé de la reconstruction de la Bibliothèque, M. Labrouste, d’autres dépendances établies à l’entre-sol des bâtimens qui s’élèvent au fond et sur l’un des côtés de la cour de l’ancien trésor, complètent l’ensemble des locaux affectés maintenant au département des estampes, et n’occupent pas en superficie moins de 1,086 mètres. Il y a loin sans doute d’un pareil chiffre à celui qui représenterait l’espace concédé autrefois au même département, et cependant, si élargi que soit aujourd’hui le terrain, on peut déjà prévoir le moment où il deviendra nécessaire d’en accroître encore l’étendue ; mais ce n’est pas l’avenir qu’il convient d’envisager ici. D’ailleurs, en résumant ce qu’on pourrait appeler l’odyssée du cabinet des estampes, en le suivant dans ses voyages limités, il est vrai, par les murs de l’hôtel de Nevers, nous avons interverti l’ordre chronologique et forcément anticipé sur la succession des événemens. Il nous faut maintenant retourner en arrière et reprendre, là où nous l’avions interrompu, le récit des faits purement relatifs à l’histoire de la collection elle-même, à sa biographie pour ainsi dire, à mesure que les premiers progrès se confirment et que la tradition fondée par Colbert va se renouvelant ou se développant de plus en plus.


HENRI DELABORDE.