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dessins ou gravures : dont la provenance, est encore aujourd’hui constatée par les premières lettres du nom de Gaignières estampillées sur chaque pièce.

Un recueil de dessins pourtant, et un recueil considérable à tous égards, ne fut pas compris parmi ceux qu’on retirait du cabinet des manuscrits pour les transporter dans le cabinet des estampes : 16 grands volumes, contenant environ 3,000 copies d’après les monumens funéraires élevés depuis le moyen âge à la mémoire de personnages français, restèrent sur les rayons où on les avait déposés lors de leur entrée à la Bibliothèque. Malheureusement ils n’y restèrent pas toujours. Vers la fin du dernier siècle, ils disparurent, dérobés, dit-on, par les mains mêmes de celui qui en avait la garde, ou tout au moins avec la complicité de sa négligence[1], et, vendus en Angleterre à l’antiquaire Richard Gough, ils passèrent à sa mort dans la bibliothèque bodléienne. Ce serait donc à Oxford qu’il faudrait aujourd’hui aller consulter ces documens sur l’histoire de l’art français, si depuis quelques années des calques strictement fidèles n’étaient venus réparer autant que possible le préjudice subi et remettre jusqu’à un certain point la Bibliothèque en possession de son bien. D’autres dessins d’après des monumens du même ordre, d’abord annexés dans les collections du département des manuscrits aux recueils généalogiques ou historiques, ont été récemment transmis au département des estampes, où ils complètent la riche série des tombeaux et des épitaphes reconquise, sous forme de duplicata, à Oxford. Enfin plusieurs autres pièces détachées de la même suite, et conservées jusqu’en 1861 à la bibliothèque Mazarine, ont cessé de figurer dans une collection où elles n’avaient pas en réalité leur raison d’être. On peut dire que maintenant tous ou presque tous les documens dessinés ou gravés qu’avait réunis Gaignières se trouvent centralisés dans le département des estampes. Après bien des vicissitudes, cet incomparable ensemble de témoignages historiques est, suivant le vœu du donateur, désormais à l’abri des chances de dispersion et à la libre disposition de quiconque a besoin d’y puiser.


III

Nous avons dit que, lorsqu’en 1740 la collection des monumens figurés ayant appartenu à Gaignières fut séparée, à la Bibliothèque, de la collection de ses manuscrits pour être définitivement installée

  1. Voyez à ce sujet le dossier judiciaire contenant les interrogatoires subis en septembre 1784 par l’abbé de Gevigney, ci-devant garde des titres et généalogies à la Bibliothèque du roi. — Archives. Section judiciaire, Y. 11427.