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UNE STATION GÉODÉSIQUE
AU SOMMET DU CANIGOU
DANS LES PYRÉNÉES-ORIENTALES


I. — HISTORIQUE.

Toute carte géographique a pour fondement une triangulation générale. La géodésie est la science qui nous enseigne les procédés pour construire et les méthodes pour calculer ces triangles. Le premier soin du géodésien consiste à tracer directement sur le sol un des côtés du premier triangle de son réseau. Dans une grande plaine ou sur une route rectiligne, il mesure à l’aide de règles en métal une distance de 10 à 12 kilomètres. Les précautions les plus minutieuses permettent de le faire avec une grande exactitude. Cette distance ainsi mesurée rigoureusement prend le nom de base géodésique. Des deux extrémités de cette base, on vise avec une lunette portée sur un cercle gradué un point apparent tel que le sommet d’un édifice, d’une colline, d’une montagne ou d’une pyramide construite à cet effet. L’on détermine ensuite les angles que ces deux directions font avec celle de la base. Le troisième angle, ayant son sommet au point visé, est mesuré à son tour et sert de vérification aux deux autres en vertu de ce théorème de géométrie, que les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits. On obtient ainsi un premier triangle parfaitement connu dans toutes ses dimensions. L’opération se poursuit en prenant pour base un autre côté du premier triangle et en visant également un autre point remarquable du relief terrestre. Procédant toujours ainsi, les triangles s’ajoutent les uns aux autres et forment un réseau continu pouvant s’étendre dans toutes les directions. Quand le pays tout entier est couvert par ce réseau trigonométrique, la position relative de tous les points coïncidant avec les sommets des triangles est exactement