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vivifier un sol d’une richesse admirable, prennent plaisir à s’entre-tuer pour des questions de limites, c’est un spectacle plein de tristesse dont on ne saurait trop s’étonner. N’y a-t-il donc pas assez de place pour tout le monde au soleil ? Les fleuves ne sont-ils pas assez larges ? L’océan n’est-il pas assez vaste ? Le jour où elles auront définitivement compris leurs véritables intérêts, les républiques de l’Amérique du Sud préféreront à de vains conflits les grands progrès économiques, et feront prévaloir la paix dans des parages où elle est si nécessaire, et où elle peut être si féconde.



ESSAIS ET NOTICES.

LES TRANSPORTS MILITAIRES BT LES VOIES FERRÉES.

Les Chemins de fer pendant la guerre de 1870-1871, par M. P. Jacqmin, directeur de l’exploitation des chemins de fer de l’Est.


En venant raconter ce que les chemins de fer ont fait et ce qu’ils auraient pu faire pendant la guerre de 1870-1871, M. Jacqmin remplit l’une des principales lacunes de notre éducation militaire. Personne n’ignore quel rôle important les voies ferrées ont joué depuis la déclaration de guerre jusqu’à la fin des hostilités ; mais les détails en sont peu connus, et il appartenait au directeur d’une grande compagnie, la plus éprouvée en cette circonstance, de dire quand on avait méconnu les ressources de son industrie ou quand on en avait mésusé. La conclusion la plus saillante de cette étude rétrospective est de démontrer qu’il est difficile d’organiser quelque chose au dernier jour et en quelque sorte sous le feu de l’ennemi. La bonne volonté ne manquait pas au personnel des compagnies, ni parfois la compétence dans les bureaux de l’administration militaire. Le ministère de la guerre était dirigé à Tours et à Bordeaux par un ancien ingénieur de chemins de fer dont l’aptitude, en ces matières du moins, était incontestable, et cependant il n’y eut alors sur le réseau français que confusion et encombrement.

Ce n’est pas que la question n’eût jamais été sérieusement étudiée. Le maréchal Niel avait fait préparer en 1869 une organisation des chemins de fer en temps de guerre. Par malheur, ce que l’on avait alors décidé fut mis en oubli, tandis que nos adversaires le mettaient en