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question des corsaires confédérés armés en Angleterre s’est résolue par une énorme indemnité payée aux États-Unis. Quant aux finances, qui, selon le sénateur Trumbull, ont été tellement dilapidées qu’avec l’argent gaspillé depuis quatre ans « on pourrait acheter une maison et donner 1,000 dollars à chaque homme de l’Indiana, » la dette publique, qui était de 2 milliards 595 millions de dollars lors de l’arrivée du général Grant aux affaires, n’est plus que de 2 milliards 236 millions, c’est-à-dire qu’elle a diminué en trois ans et demi de 359 millions de dollars, soit environ 500 millions de francs par an[1].

Enfin ces lourds impôts sur le commerce et sur l’industrie intérieurs qui entravaient aux États-Unis la production nationale viennent d’être considérablement allégés par le congrès sur la proposition du ministre des finances, M. Boutwell. L’inland revenue, qu’il ne faut pas confondre à cause de son nom, comme le faisait récemment dans une chambre française un orateur du gouvernement[2], avec l’impôt sur le revenu (income-tax), ne porte plus guère aujourd’hui que sur certaines denrées d’un usage général, telles que le whiskey, le tabac et le malt. Le timbre (stamp), qui frappait antérieurement presque tous les objets vendus dans le commerce de détail, ne portera plus que sur les chèques, les traites, les ordres de banque et les remèdes brevetés. Cette modeste réforme, que permet d’accomplir un excédant annuel de 97 millions de dollars, est d’une grande importance pour la prospérité industrielle des États-Unis, si gravement atteinte par les taxes de guerre, et si mal protégée par des droits protecteurs énormes qui ne servent qu’à encourager la contrebande. Même au point de vue économique et fiscal, on ne

  1. Le budget des États-Unis est réglé comme il suit pour l’année 1871-72 :
    Recettes Revenu des douanes 216,370,286 d. 77 c.
    Inland revenue 130,642,177 d. 72 c.
    Vente de terres 2,575,714 d. 19 c.
    Diverses sources 24,518,688 d. 88 c.
    Total 374,106,867 d. 56 c.
    Dépenses Liste civile (traitemens), etc. 60,984,757 d. 42 c.
    Pensions et Indiens 35,595,131 d. 58 c.
    Armée 35,372,157 d. 20 c.
    Marine 21,249,809 d. 99 c
    Intérêt de la dette publique 124,316,106 d. 48 c.
    Total 277,517,982 d. 67 c.
    Excédant de l’année 96,588,904 d. 89 c.
  2. Discours de M. Pouyer-Quertier, ministre des finances, dans la séance du 27 décembre 1871.