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à la Prusse, les hommes dont nous parlons ont rendu de vrais services à la Bourse de Paris et à la France elle-même. Toutefois la Banque de Paris et des Pays-Bas ne peut encore être considérée comme une des sociétés de crédit dont le rôle doive devenir permanent, qui puisse espérer en un mot une existence séculaire semblable à celle des grandes banques d’Ecosse ou d’Angleterre. Sans doute elle répond à un des besoins actuels, le placement des emprunts ; mais que d’autres nécessités surgissent, elle modifiera probablement son organisation pour y satisfaire.

La Société générale date de 186A ; fondée principalement par les soins de MM. Schneider, Bartholony, Pinard et Paulin Talabot, l’élément financier et l’élément industriel s’y combinaient. Le second en France n’offrait pas les mêmes chances de succès que le premier. Le concours donné à l’industrie sur une trop large échelle n’eût pas tardé à immobiliser une partie des ressources sociales ; la direction a dû chercher dans les participations financières des profits plus immédiats. Bientôt, et c’est particulièrement l’œuvre de l’administration actuelle, présidée par M. Denière, elle a trouvé dans l’extension de son action hors Paris le but principal à poursuivre. Sans renoncer à venir en aide à l’industrie, elle veut être le mandataire du plus grand nombre pour les affaires de Bourse et les emplois des capitaux, et jouer sous ce rapport pour toutes les classes de la société le rôle que la Banque de France et le Comptoir d’escompte jouent spécialement pour le commerce. En étendant ses agences, comme la première ses succursales et l’autre ses comptoirs, dans toutes les villes principales de France, elle offre à chaque citoyen une caisse pour recevoir son argent, pour garder ses titres, pour toucher ses coupons ; elle accepte des dépôts payables à vue ou à échéance plus ou moins longue moyennant un intérêt plus ou moins élevé ; elle délivre des chèques remboursables dans toutes ses caisses de Paris et de la province. A l’heure qu’il est, la Société générale a établi à Paris seize bureaux de quartiers, et dans les départemens cinquante-cinq agences ; elle a une succursale à Londres. Le nombre des comptes de chèques et de dépôts, qui n’était pas à la fin de décembre 1871 de plus de 13,500, dépasse à présent 18,000 : avec des circonstances favorables, il s’élèverait par une progression arithmétique en quelques années à 100,000 ; pour que ce résultat se réalise promptement, il suffira que la clientèle ait foi de plus en plus dans le crédit de l’établissement. Or dans les années 1870 et 1871 la Société générale a donné la preuve d’une solidité incontestable ; elle n’a jamais fait attendre un de ses créanciers, elle a remboursé 130 millions du commencement de la guerre aux événemens de la commune : aussi dès le retour du calme la confiance du public est revenue. Jamais les comptes de chèques ne