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diffère bien de celle que présentent les banques anglaises et même les nôtres.

En Angleterre, nous avons vu que les banques par actions ne jouent qu’un rôle, celui de caissier du public, et n’emploient généralement leurs ressources qu’en papier de commerce ou en crédits personnels ouverts à des personnes reconnues solvables et cautionnées. Il n’en est pas de même pour les autres sociétés de crédit en Europe ; dans presque toutes, une grande part est faite à la spéculation, à l’émission des fonds d’état, à la subvention des entreprises industrielles. En Italie et en Allemagne notamment, la création des banques a coïncidé avec l’essor de l’industrie et y a puissamment contribué. Tous ceux qui ont comparé l’état nouveau de la péninsule italienne avec ce qu’elle était avant la guerre de 1859 ont été émerveillés de ses progrès. Le travail de l’homme s’y montre aujourd’hui à la hauteur de la fertilité du sol. En Allemagne, c’est plutôt la matière qui fait défaut à l’activité humaine : usines, mines, chemins de fer, entreprises de navigation, fabriques de tout genre, appellent et font fructifier les capitaux avec une rapidité surprenante. Tandis qu’en Angleterre le portefeuille des banques est toujours la contre-partie des dépôts, et qu’il existe peu de chances de pertes, mais que les bénéfices sur chaque opération sont restreints, ailleurs les banques courent la chance de plus gros profits, mais aussi risquent de voir leurs capitaux compromis ou au moins immobilisés. Or c’est à ces dernières que ressemblent davantage nos propres institutions de crédit. Sans doute il eût mieux valu qu’elles suivissent la fortune des banques anglaises ; nos habitudes s’y sont opposées. Recherchons au moins par quelques exemples les résultats obtenus et ceux que l’avenir peut produire.


III

Nous prendrons pour spécimen des sociétés de crédit en France la banque de Paris et des Pays-Bas, la Société générale et le Crédit lyonnais ; chacune répond à un ordre d’idées particulier, et semble jouer un rôle spécial. Ce n’est pas à dire que d’autres sociétés, le Crédit foncier par exemple et le Comptoir d’escompte, ne mériteraient pas de fixer l’attention des lecteurs ; mais c’est chose depuis longtemps faite pour tous les deux, rappelons seulement qu’un des principaux services rendus au public par le Crédit foncier a été de vulgariser pour sa part l’usage des chèques. La Banque de Paris et des Pays-Bas est un grand comptoir de prêts d’états. La Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie en France a un vaste cadre, qu’elle a considérablement