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nombre de banquiers dont la richesse et les ressources sont énormes. Les banquiers à l’ouest et à l’est de Temple-Bar se livrent à l’escompte du papier dans des proportions encore inconnues en France, et leurs moyens d’action sont si puissans qu’ils se font une loi invariable de ne jamais user des facilités du réescompte. si l’on veut s’en faire une idée, il suffira de dire que la maison Glyn Mills Carrie et C°, une des premières maisons particulières de Lombard-street, passe pour avoir compensé, en une seule journée au Clearing-house, pour 12 millions de livres ou 300 millions de francs.

La statistique du Clearing-house de Londres, qui sert à toute l’Angleterre, — des salles de compensation ou d’échange d’Edimbourg, Glasgow et Dundee pour l’Ecosse et du Clearing de Dublin pour l’Irlande serait intéressante à consulter pour apprécier ce mouvement d’affaires commerciales dont la grandeur défie toute comparaison. En 1871, les règlemens des effets et chèques faits par le seul Clearing-house de Londres ont dépassé 4,000 millions de livres, soit 100 milliards de francs. En décomposant par nature d’affaires ces règlemens, on a constaté que, si ceux qui ont trait aux affaires de bourse avaient considérablement augmenté par rapport aux années précédentes, ce qui concerne les affaires commerciales proprement dites conservait la plus large part. La question du marché de l’escompte en Angleterre, dont les habitudes diffèrent sensiblement des nôtres, mériterait une étude spéciale ; il en est de même du Clearing-house[1], dont on vient de tenter un essai à Paris, et qui est la clé de voûte de tout le système de banque en Angleterre, puisque c’est là que toutes les maisons et sociétés de banque de Londres et celles de province, par leurs représentans, échangent journellement leurs engagemens, dont le solde se paie par des viremens sur leurs comptes à la Banque d’Angleterre. Aujourd’hui nous ne voulons nous attacher qu’aux opérations spéciales de crédit en tant que dépôts et emploi des fonds reçus. L’importance des uns, le chiffre des bénéfices obtenus pour les autres, montreront à quel point toutes ces banques contribuent à accroître la fortune publique. Dans les banques par actions de Londres, les cinq plus importantes ont donné à leurs actionnaires en 1870 de 16 à 22 pour 100. Parmi les banques provinciales, il n’en est presque pas qui aient distribué moins de 5 pour 100, la moyenne est supérieure à 10. Les Joint-stock banks de Birmingham, Carlisle, Manchester et Liverpool, du Yorkshire, du Dorsetshire, ont donné 20 pour 100 ; la banque de la ville de Bury a distribué 25 pour 100. Les bénéfices des banques d’Ecosse et d’Irlande ne sont pas moindres ; celles qui rapportent le moins donnent encore 8 pour 100.

  1. Voyez à ce sujet l’étude de M. Esquiros dans la Revue du 15 février 1863.