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MŒURS FINANCIERES
DE LA FRANCE

II.
LES SOCIÉTÉS DE CRÉDIT.

Quand on parle de sociétés de crédit, la chose et le nom semblent familiers à tout le monde. Il n’en était pas de même il y a quelques années. La génération actuelle a vu en effet se fonder chez nous presque toutes ces associations de capitaux, connues déjà en Angleterre, en Écosse surtout, qui sous la garantie d’une raison sociale et d’un capital collectif reçoivent l’argent du public et le tiennent à sa disposition pour ses besoins journaliers avec un léger intérêt. Or ces établissemens, que l’on peut appeler les réservoirs et les distributeurs du capital, jouent dans nos mœurs financières un rôle de plus en plus important. Aussi n’est-il pas sans utilité de rechercher les services qu’ils ont rendus au commerce et à l’industrie, de comparer leurs progrès en France avec ceux d’institutions semblables au dehors, surtout de montrer comment ils ont fonctionné dans deux circonstances récentes, pendant les cruelles années de 1870-1871, au moment de l’émission de nos deux derniers emprunts.

Le développement que ces sociétés ont pris chez nous en si peu de temps a été facilité surtout par la forme de la société anonyme, dont on peut dire que la France, malgré quelques insuccès, a tiré la première un merveilleux parti, entraînant les nations mêmes qui l’avaient devancée sous d’autres rapports à la suivre dans cette voie. Déjà les premiers de nos établissemens de crédit, la Banque de France, le Comptoir d’escompte, le Crédit mobilier, ont été dans