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affaires en grand, remplissant tous les rôles depuis la fonction de commis inférieur jusqu’à celle de chef d’établissement. Pendant le cours de ces dernières études, l’élève acquiert des idées générales sur la loi de l’offre et de la demande, sur la protection douanière, sur l’achat et la consommation ; il étudie les grandes voies de communication, les frets, les opérations de banque dans tous leurs détails, la tenue des livres, le maniement d’une caisse. Pour que son instruction soit complète, il faut qu’il soit en mesure de diriger chaque service et de remplir sans hésitation toutes les fonctions dans une maison de commerce ou de banque.

En un mot, cette école pratique est un monde d’affaires en miniature : chaque élève y déploie toute son énergie ; il prend son rôle au sérieux, il calcule, il écrit, il parle comme un négociant expérimenté ; il s’habitue à la dignité dans les relations, à la clarté du style, à la précision des combinaisons. Lorsque, sorti des bancs de l’école, il entre dans la vie réelle, rien n’est plus nouveau pour lui ; il connaît les affaires et même les hommes, et il a acquis, tout jeune encore, une maturité de raisonnement qui lui permet de se diriger à coup sûr dans ce vaste monde commercial où il est appelé à vivre.

Ainsi s’explique le succès des écoles commerciales des États-Unis. Ces élablissemens, qui répondent aux intérêts de la nation américaine, se multiplient et se perfectionnent sans cesse. Ils étendent et améliorent leurs programmes. Chaque année voit augmenter le nombre de leurs élèves. Il est donc permis de les signaler comme des modèles à l’estime et à l’imitation des pays européens.


G.-H. GAULIER.



Essais d’histoire religieuse et mélanges littéraires, par D.-F. Strauss, traduits par M. Charles Ritter, avec une introduction par M. Ernest Renan ; 1872, Michel Lévy.

Le nom de M. Strauss, connu surtout par la Vie de Jésus, personnifie aux yeux du plus grand nombre une méthode hardie, originale selon les uns, téméraire selon les autres, qui soumet les récits évangéliques aux règles de la critique historique[1]. Les vues habituelles de l’auteur de la Vie de Jésus et les questions d’ordre religieux qui se rattachent à ce sujet reviennent fréquemment dans le volume que nous avons sous les yeux ; mais elles ne dominent point exclusivement. Le traducteur a pensé, non sans raison, que les fragmens sur lesquels son choix s’est fixé feraient connaître M. Strauss sous un aspect nouveau pour la plupart des lecteurs. On pourra dans ces morceaux apprécier en lui un publiciste original, un critique délicat en matière littéraire et un excellent

  1. Voyez, dans la Revue du 1er février, la remarquable étude que M. Victor Cherbuliez a consacrée à M. Strauss.