Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/854

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SIXTE-QUINT
SON INFLUENCE
SUR LES AFFAIRES DE FRANCE AU XVIe SIECLE

III.
L’EGLISE ET LA FRANCE DE 1589 A 1593[1].
LE MEURTRE DE HENRI DE VALOIS.

Sixte-Quint, d’après les correspondances diplomatiques, inédites, tirées des archives d’état, du Vatican, de Simancas, de Venise, etc., par M. le baron de Hübner, ancien ambassadeur d’Autriche à Paris. Paris 1870; 3 vol. in-8o.

Si la présomption et la témérité avaient perdu Henri de Guise, l’atrocité de la vengeance perdit Henri de Valois. Son cœur bas et son esprit borné, poussés à bout, avaient eu raison de l’âme élevée, du courage audacieux de son ennemi, fasciné par l’illusion, égaré par l’ambition. Seul Henri de Guise n’avait pas vu l’abîme ouvert sous ses pas, que lui montrait son intelligence, que lui cachait son orgueil. Sixte-Quint du haut du Vatican, Philippe II du fond de l’Escurial, l’avertissaient du péril; il répondait : On n’oserait. Pour qui pratiquait Henri HI cependant, le dénoûment n’était pas douteux. Huit jours avant le meurtre, le chancelier de Cheverny disait au président De Thou que le duc abusait de l’avilissement et de la dissimulation du roi, que l’on connaissait mal le génie de ce prince, dont la modération simulée finirait par éclater en fureur, et qui pourrait bien poignarder lui-même le duc dans son cabinet,

  1. Voyez la Revue du 15 septembre et du 1er octobre.