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semblent naturellement indiqués pour la défense. L’un, celui de Sargé, s’étend au nord, dans la direction de l’Eure, et en l’occupant on garde l’intervalle des deux rivières, l’ouverture du triangle. Un autre, le plus important peut-être, le plateau d’Auvours, domine à la fois la vallée de l’Huisne et la ligne du chemin de fer de Paris, en même temps que la route de Saint-Calais. De ce poste avancé, on tient les communications de l’Huisne par les ponts de Champagne et d’Yvré-l’Évêque, et on peut surveiller l’ennemi arrivant par le Perche. Plus bas enfin, en se repliant vers Le Mans, un dernier plateau moins étendu est traversé par trois routes qui, partant du rond-point de Pontlieue aux portes de la ville, conduisent à La Flèche par Arnage, à Tours par Château-du-Loir, à Vendôme par Parigné-l’Évêque et Grand-Lucé. C’est sur ces plateaux, mis autant que possible en défense, que le général Chanzy disposait ses forces. Jaurès était à Sargé avec le 21e corps ; le général Gonjard avec sa division de Bretagne et une partie du 17e corps occupaient Auvours ; le reste du 17e corps et le 16e corps étaient en avant de Pontlieue. Par ces dispositions, on se croyait en mesure de garder efficacement la vallée de l’Huisne et les routes du Perche, c’est-à-dire Le Mans.

Ce n’était là du reste, aux yeux du général Chanzy, que le dernier retranchement de la défense. Tout en s’appliquant à s’établir et à se fortifier dans ses positions, le chef de la deuxième armée n’entendait nullement s’interdire une action plus étendue. Bien au contraire, à peine campé autour du Mans, il s’occupait d’organiser tout un système d’opérations avancées par des francs-tireurs, par des reconnaissances incessantes de cavalerie légère, par des colonnes mobiles de l’armée. A partir du 23 décembre, on était en campagne. Le général Rousseau, détaché du 21e corps, remontait par le chemin de fer de Paris vers La Ferté-Bernard, appuyé par les francs-tireurs de Lipowski et par Cathelineau, qui occupait avec ses volontaires la forêt de Vibraye. Le général de Jouffroy, qui commandait une division du 17e corps, se lançait avec une colonne volante en plein Perche. Le général de Curten, qui avait réuni quelques troupes à Poitiers et qu’on envoyait à Chanzy, devait seconder le général de Jouffroy en manœuvrant lui-même sur le Loir. Le général Barry, qui était resté avec ce qu’il avait de troupes vers Château-du-Loir et Chahaignes, avait son rôle dans ces opérations. La pensée du général Chanzy était de regagner du terrain, de se rouvrir un passage, s’il le pouvait, de sonder l’ennemi, et surtout de préserver le chemin de fer du Mans à Tours, qui pouvait lui être si précieux. Du 23 décembre aux premiers jours de janvier, on était en mouvement, rencontrant souvent l’ennemi et allant assez loin. A la fin de décembre, le général de Jouffroy paraissait en face de Vendôme, le