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SOUVENIRS
DE L’ADRIATIQUE

I.
LA DALMATIE ET LES SLAVES DU SUD.

Les Serbes, les Croates, les Dalmates ont un petit livre qu’on trouve partout chez eux, même dans le moindre village. Ce volume de quelques pages est intitulé Annuaire des Slaves du sud ; bien qu’il en paraisse plusieurs éditions assez semblables entre elles, il s’imprime surtout à Zagabria. Quelques détails sur les bans de Croatie et sur les princes serbes, sur leurs guerres contre les Hongrois et les Turcs, quelques conseils pratiques, des légendes et des chants nationaux le remplissent tout entier ; mais ce qui frappe surtout le lecteur étranger, c’est la première page ; elle contient un tableau des Slaves qui habitent l’Autriche méridionale et l’empire ottoman. Ils sont au nombre de 11 millions, partagés entre sept ou huit provinces. Le voyageur entre rarement dans une maison en ces pays sans y voir cette liste placée à côté du calendrier, comme si chaque jour la race devait se rappeler combien elle compte d’eufans, quelles destinées diverses l’histoire a faites à ces membres d’une même famille.

Ces mots Slaves du sud, par opposition aux 51 millions de Tchèques, de Polonais et de Russes qui occupent le nord du Danube, désignent une population qui parle une même langue, diversifiée, il est vrai, par des dialectes. Les Bulgares sont la fraction la plus orientale de cette race ; viennent ensuite les Serbes, les Sclavons, les Croates, les paysans du territoire de Trieste, les habitans des principautés de Goritz et de Gradisca, du duché de Carniole, du marquisat d’Istrie, de la Dalmatie, sans compter un tiers de la Sty-