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transit opime ; laissez-nous notre part modeste qui assure à notre voie le bénéfice du bon marché. — Point, lui répondait-on, subissez le principe de l’égalité des taxes ; on vous met sur le même pied que les autres, et vous n’aurez d’autre ressource que de faire un bon service pour attirer les dépêches sur vos lignes. En vain le représentant de la Turquie essaya d’échapper au nouveau tarif ; il dut céder et se contenta de réserver la sanction de son gouvernement.

Tout en refusant d’établir le tarif des dépêches à destination de la Chine, la commission crut devoir, pour ces dépêches, fixer la portion de taxe qui est relative au trajet entre l’Europe et les Indes. Sur cette question en effet, l’Indo-European, la ligne méditerranéenne, la voie sibérienne elle-même, émettaient des idées inconciliables entre elles ou contraires à celles des états intéressés. On pouvait fixer ce transit sans déterminer la taxe totale. La commission, toujours armée de sa balance et de son principe d’égalité, ramena toutes les voies au. taux uniforme (61 fr. 50 cent.) qui avait été arrêté à Vienne, puis elle se hâta de se séparer le 2 octobre 1871, laissant ses justiciables assez mécontens, et léguant à la prochaine conférence le soin de mieux régler leurs prétentions.

L’époque approchait en effet où les délégués des administrations devaient se réunir pour la révision trisannuelle du traité de Paris. En 1868, on avait désigné Florence pour le lieu de la réunion prochaine. Depuis lors l’Italie avait transporté sa capitale à Rome, et cette circonstance, jointe à tous les événemens qui ont troublé l’année 1871, amena quelque retard dans la convocation des délégués. L’Italie tenait naturellement à ce que la conférence eût lieu dans sa nouvelle capitale ; mais il lui fallait attendre que le nouvel état de choses fût plus ou moins explicitement admis par tous les gouvernemens. La date du 1er  mars 1871 avait d’abord été fixée, puis ce fut le mois de septembre ; enfin une dernière lettre assigna à la conférence la date du 1er  décembre.


IX.

C’est donc au 1er  décembre 1871 que l’association des offices télégraphiques ouvrit sa troisième assemblée générale. Une première fois à Paris en 1865, une seconde fois à Vienne en 1868, elle avait tenu ses assises ; elle les tint pour la troisième fois à Rome, dans le bâtiment même du Capitule. C’étaient toujours, à de très faibles changemens près, les mêmes états qui se faisaient représenter. Le gouvernement anglais avait envoyé un délégué spécial re-