Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/565

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de fer rhénans, de l’état belge et de la compagnie française du nord, » un agent résidant à Cologne fournit à chacun de ces trois offices les renseignemens dont il a besoin, s’occupe des affaires communes à leur réseau; en cas de désaccord, il donne son avis sans prendre par lui-même aucune décision. Tel devait être, dans l’opinion des délégués belges, le nouvel agent télégraphique. Cet agent ne devait pas suivre l’administration directrice, destinée à changer tous les trois ans; on lui laisserait une résidence fixe; les Belges estimaient en effet que, si l’on obligeait l’agent à se transporter de capitale en capitale, on ne trouverait point pour remplir cette fonction un homme qui joignît à un mérite reconnu l’expérience du service et des affaires.

On voit comment la question se posait. Trois organes en résumé coexistaient dans la discussion : la commission proposée par la France, l’agent demandé par la Suisse, l’office directeur, toujours implicitement admis d’après les vieilles habitudes. En somme, les idées flottaient, et l’on n’arrivait pas à une formule qui satisfit tous les intérêts. Le délégué des Pays-Bas vint alors apporter dans la discussion des élémens nouveaux qui préparèrent une solution.

L’office directeur ne serait plus celui de l’état où aurait eu lieu la dernière conférence, on le désignerait par une décision spéciale; on pourrait donc, à chaque réunion, changer l’office en fonction ou le maintenir dans sa charge. La direction du service échappait dès lors à cette mobilité qui répugnait à beaucoup d’esprits. La proposition hollandaise effaçait également le rôle du secrétaire-général, qui avait donné lieu à de nombreuses critiques; à un agent nommé par la conférence, elle substituait un organe impersonnel, un « bureau international » qui serait formé par l’office directeur. Le délégué néerlandais conservait en somme ce qu’il y avait d’essentiel dans les projets qu’on avait mis en avant ; il en effaçait seulement ce qui avait paru trop arrêté et trop aigu. Ces idées éclectiques rallièrent tout le monde, et la conférence institua en conséquence, pour la conduite des intérêts communs, un régime dont les traits principaux sont : un office directeur, — un système de commissions facultatives pour résoudre les difficultés imprévues, — enfin un bureau international permanent.

La conférence avait à désigner l’office directeur, et, quand on passa au vote, l’unanimité des suffrages se porta sur l’administration suisse. Berne devint ainsi la métropole télégraphique de l’Europe, et c’est là sans doute un rôle qu’elle continuera longtemps à remplir. Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que le centre choisi par la conférence présentait les plus heureuses conditions. A toutes les raisons politiques qui s’offrent d’elles-mêmes, venaient