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rine ont donc institué de concert un langage qui est formulé dans le Code commercial des signaux. Tous les bâtimens de guerre français sont tenus d’avoir ce vocabulaire, et les navires de commerce sont vivement invités à s’en munir. L’administration portugaise eût voulu que la conférence exerçât une pression sur les états pour l’adoption de ce langage; mais la plupart des délégués tinrent à rester en dehors d’une question qui est surtout du ressort de l’autorité maritime. Portant leur attention sur un détail technique d’un grand intérêt, les délégués spécifièrent, non point par un article du traité, mais par une insertion au procès-verbal de leurs séances, l’usage de l’unité de résistance électrique qui porte le nom « d’unité Siemens. » Les électriciens n’avaient point jusque-là, pour estimer la résistance des conducteurs, une mesure commune. L’Association britannique pour l’avancement des sciences avait proposé à ce sujet des principes assez compliqués, en prenant pour base les idées nouvelles sur la corrélation des forces physiques. L’unité Siemens se réfère à un principe plus simple. Elle représente la résistance d’une colonne de mercure d’un millimètre carré de section sur un mètre de long, à la température de 0° centigrade. Ce n’est point que l’usage en soit tout à fait exempt d’inconvéniens, mais du moins elle fournit une donnée pratique qui permet aux électriciens de s’entendre.

Voilà quelques-unes des mesures qui tendaient à uniformiser le service. La conférence s’efforçait de ne réglementer que les matières où l’adoption d’une même règle multiplie les forces du service. Dans tout autre cas, elle ne travaillait qu’à donner au public des facilités nouvelles. C’est ainsi qu’elle résista aux efforts que firent quelques états pour restreindre le nombre des langues admises dans le service international. C’est une sérieuse difficulté pour les bureaux que d’avoir à transmettre des dépêches dans un grand nombre d’idiomes différens. Aussi quelques-uns demandaient-ils qu’on se réduisît aux trois langues les plus usitées : le français, l’anglais et l’allemand. L’assemblée s’en tint à la règle adoptée à Paris et d’après laquelle on admet toutes les langues que les états contractans ont déclarées propres à la transmission internationale. On y ajouta même la langue latine, qui peut être à la rigueur considérée comme un idiome vivant, puisqu’elle est encore employée dans quelques districts de la Hongrie. D’après ces décisions, vingt-sept langues sont officiellement admises; elles doivent être toutes écrites en caractères latins. Citons encore quelques dispositions accessoires. On assure aux expéditeurs les moyens de faire légaliser leur signature; des actes importans peuvent dès lors être faits avec une sanction convenable par l’intermédiaire du télé-