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L’ÎLE
DE MADAGASCAR


LES TENTATIVES DE COLONISATION. — LA NATURE DU PAYS.
— UN RÉCENT VOYAGE SCIENTIFIQUE.

QUATRIÈME PARTIE.[1].

LA FAUNE.

Après avoir considéré une partie des sites de la grande île africaine, la richesse et l’étrangeté de la végétation, on a bien vite le désir de connaître aussi les êtres qui s’agitent et donnent l’animation aux campagnes, aux bois, aux forêts vierges, où l’homme ne parvient à pénétrer qu’après s’être tracé une voie avec le secours de la hache. Le monde des animaux de Madagascar présente un merveilleux intérêt : la faune est remarquable à la fois par ce qui lui manque et par ce qu’elle possède ; — les exemples en seront la preuve.

Les vastes solitudes, les cavernes presque inaccessibles, les forêts immenses et impénétrables de la grande île africaine sont des séjours où les animaux peuvent vivre et multiplier sans être fort exposés aux coups des hommes. Le climat des tropiques, le voisinage du continent africain, des analogies que nous avons aperçues dans la végétation, donneraient à croire que Madagascar est habité par des mammifères appartenant à des types dont il est toujours question lorsqu’il s’agit de l’Afrique ou de l’Asie. Il n’en est rien. Partout dans le monde où le froid n’est point à craindre, les hauts personnages des bois sont les singes ; sur la Grande-Terre, il n’existe aucune espèce de ce groupe. On ne visite pas les pays chauds sans se tenir en défiance des carnassiers : lions, léopards, panthères en

  1. Voyez la Revue du 1er  juillet, du 1er  août et du 1er  septembre.