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LE
ROYAUME DE WESTPHALIE
ET
JEROME BONAPARTE
D’APRES LES DOCUMENS ALLEMANDS ET FRANCAIS

I. Le Moniteur westphalien, 1807-1813, journal bilingue. — II. Mémoires et Correspondance du roi Jérôme, 7 vol., 1861-1866 (renfermant le Journal de la reine Catherine, les rapports de Reinhard, etc.). — III. Correspondance de Napoléon Ier, t. XIII et suiv. — IV. Le Royaume de Westphalie, Jérôme Buonaparte, sa cour, ses favoris, ses ministres, Paris 1820. — V. Ernestine von L., König Jerome und seine Familie im Exil, Leipzig 1870. — VI. Lyncker, Geschichte der Insurrectionen widerdas westphälische Gouvernement, Gœttingen 1860. — VII. Vehse, Geschichte der deutschen Höfe seit der Reformation, 48 vol., Hambourg 1851-55. — VIII. Berlepsch, Sammlung wichtiger Urkunden und Actenstücke. — IX. Rückblicke auf die Zeit des westphälischen Kœnigreiehes, dans la Minerva, juillet 1826. — X. Demian, Statislik der Rheinbundstaaten, 2 vol., Francfort 1812. — XI. Voyez aussi un curieux roman de Kœnig, König Jerome’s Carneval, Leipzig 1855.


I.
LA FONDATION DU ROYAUME DE WESTPHALIE.

Depuis le triomphe inespéré des armes prussiennes, l’esprit allemand s’est subitement enorgueilli au point d’oublier qu’il dût quelque chose à l’esprit français. Pour employer le langage d’outre-Rhin, le germanisme (deutschthum) prétend ne plus rien avoir de commun avec le romanisme (welschthum). Il se targue fièrement de la pureté de son sang et de l’originalité de ses conceptions. Il ne nous doit rien; de quoi se compose après tout notre bagage[1]? La révo-

  1. « Si les Français ne veulent pas s’abîmer entièrement dans la vieille corruption et frivolité gallo-romaine, ce qu’ils ont de mieux à faire, c’est de se réconcilier loyalement avec nous, Allemands, et d’apprendre enfin quelque chose de nous, qui avons imité si longtemps leurs extravagances... à y a encore parmi eux quelques bons élémens qui proviennent du sang germanique, franc, burgonde, wisigoth, qui coule dans leurs veines, etc. » W. Menzel, Elsass imd Lothringen sind und bleiben unser, Stuttgart 1870. — Avec un peu plus de ménagemens que le vieux mangeur de Français, les historiens plus sérieux disent à peu près la même chose. «Longtemps l’imagination de tous les libéraux en Europe a été possédée de cette idée que la révolution française avait été le point de départ d’une ère nouvelle, et que son programme avait été le modèle de toutes les créations futures de la liberté. » Préface du t. IV, partie II, de l’Histoire de la Révolution par M. de Sybel (Düsseldorff 1871), qui a « changé tout cela.»