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produire soit de la part d’autres états, soit de la part des compagnies privées; on voyait en effet déjà se grouper autour du réseau européen toute une série de sociétés concessionnaires de lignes sous-marines. On s’engageait à imposer autant que possible les règles de la convention aux compagnies privées auxquelles seraient concédées des lignes, soit sous-marines, soit terrestres. Il était naturel en effet que, pour jouir du bénéfice de la convention, pour profiter des taxes si réduites qu’elle instituait, les nouveaux adhérens apportassent non-seulement l’obligation de suivre les règles du traité, mais aussi un système de taxes en harmonie avec le tarif maintenant arrêté. Or les compagnies sous-marines ont une tendance aux très grosses taxes. Les divers états s’engageaient en commun à réagir contre elles. Quant aux moyens d’action, aux modes de coercition à réserver contre les nouveaux adhérens, la commission aborda ce sujet, mais en l’effleurant seulement. Les difficultés n’étaient pas encore bien pressantes, parce que les réseaux sous-marins ne faisaient que de naître.

Les dernières séances de la commission furent employées à la rédaction du règlement annexe, dont l’administration française fournit encore les élémens. Les délégués spéciaux, ayant terminé leur tâche, purent enfin remettre leur travail entre les mains de la conférence diplomatique qui devait le sanctionner. Deux séances générales furent encore tenues à cet effet au ministère des affaires étrangères, et M. Drouyn de Lhuys, dans un discours de clôture, put à bon droit faire ressortir les services que venait de rendre à l’Europe une conférence qui était un véritable congrès de la paix. « S’il est vrai, disait le ministre, que la guerre ne provienne souvent que de malentendus, n’est-ce pas en détruire l’une des causes que de faciliter entre les peuples l’échange des idées et de mettre à leur portée ce prodigieux engin de transmission, ce fluide électrique sur lequel vole la pensée à travers l’espace?.. De plus, ce ne sera pas sans avantages réciproques que des hommes d’élite, placés à la tête de grands services publics dans leur pays, seront venus de tous les points de l’Europe mettre en commun les résultats de leur expérience et constituer une sorte d’enseignement mutuel de haute administration. Il est certain que les relations personnelles qui viennent de s’établir entre les chefs des services télégraphiques de tous les états du continent faciliteront, dans la pratique, les rapports officiels, et contribueront à aplanir ces difficultés que les règlemens les mieux concertés ne sauraient toujours prévenir. »

On avait effectivement sous les yeux un exemple décisif de ce que le rapprochement des individus peut faire pour tempérer les difficultés administratives ou politiques. Les rapports étaient des plus ten-