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Le projet commençait par spécifier les diverses conditions dans lesquelles le réseau international doit fonctionner. L’uniformité est le premier résultat qu’il faut rechercher pour assurer un service régulier entre nations différentes; telle mesure, insignifiante par elle-même, arrive à un haut degré d’efficacité par cela seul qu’elle est l’objet d’une entente commune. Prenons un exemple dans les chemins de fer. La largeur de la voie a été déterminée par des motifs techniques : des raisons propres au service de chaque pays pourraient faire modifier cette largeur; mais alors les voitures ne pourraient plus passer d’un réseau sur l’autre. On voit le genre d’utilité qui résulte dans certains cas du seul fait de l’accord entre nations, et qui doit être par conséquent recherché au prix de concessios réciproques. Quelques délégués cependant opposaient une certaine résistance aux conditions énoncées dans le projet. Ceux des petits états surtout craignaient de voir leurs administrations entraînées à des dépenses excessives, s’il fallait régler leur service d’après un type arrêté par les grandes puissances. On dut les rassurer en atténuant la précision des mesures projetées.

On spécifia enfin d’un commun accord que des fils d’un gros diamètre seraient affectés aux relations internationales, et que les villes entre lesquelles l’échange des correspondances est très actif seraient reliées par des conducteurs directs entièrement dégagés du travail des bureaux intermédiaires. C’est là en effet un point essentiel. De même qu’il y a sur les chemins de fer, — prenons-les encore pour exemple, — des trains omnibus et des trains directs, il faut sur les lignes télégraphiques des fils pour les relations à petite distance et d’autres conducteurs qui desservent seulement les villes importantes. Le traité établissait d’ailleurs entre les centres principaux un service permanent de jour et de nuit, et régularisait les heures d’ouverture des bureaux non permanes. Ici l’utilité d’un accord commun saute aux yeux : comment communiquerait-on, si les bureaux des différens états étaient ouverts à des heures différentes?

A cet ordre d’idées, se rattache une disposition en vertu de laquelle on dut prendre pour heure de tous les bureaux d’un même état celle du temps moyen de la capitale du pays. Les délégués autrichiens déclaraient que cette disposition, essayée en Autriche, n’avait pu y être appliquée; mais l’envoyé moscovite affirma que dans tous les bureaux russes les heures mentionnées étaient celles du méridien de Saint Pétersbourg. Or les lignes moscovites occupent en longitude un si vaste espace que cet exemple parut tout à fait décisif. Parmi les règles générales adoptées par la commission, on peut encore citer l’usage de l’appareil Morse, qui fut provisoirement désigné comme le type affecté aux rapports internationaux. C’est,