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besoin de s’unir avec les autres pays européens pour faciliter les relations télégraphiques comprirent qu’il leur importait de conserver toute leur liberté d’action à l’égard des limitrophes. Cette liberté devint comme un point de droit européen; elle fut réservée par des articles formels dans tous les traités conclus entre groupes de nations.

A partir de 1863, la France inaugure donc une série de conventions particulières avec ses voisins pour l’établissement de la taxe uniforme. Dans le courant de l’année 1863, la taxe des dépêches est fixée à 3 fr. pour la Belgique et la Suisse, à 4 fr. pour l’Espagne; en 1864, on adopte le taux de 3 fr. pour la Bavière et celui de 4 fr. pour l’Italie. Les états pontificaux, restés d’abord en dehors de cet arrangement, y entrèrent eux-mêmes dans le courant de l’année suivante avec surtaxe de 1 franc.

Le 10 septembre 1854, le Portugal intervint dans ces accords; c’était le premier exemple d’une taxe uniforme établie avec un pays non limitrophe; c’était par conséquent une dérogation assez formelle au traité de Berne, auquel le Portugal avait adhéré; mais la convention de Berne avait alors cinq ou six ans de date, et, d’après sa propre teneur, elle aurait déjà dû être révisée. On y dérogea donc sans grand scrupule, du consentement de l’Espagne, et le taux de 5 francs fut établi uniformément pour les dépêches franco-portugaises.

La taxe de 3 francs fut inaugurée, à partir du 1er janvier 1865, avec le grand-duché de Bade. A la même époque entra en vigueur une convention, signée avec la Prusse en 1864, et qui terminait la série des dispositions prises par la France avec ses limitrophes. La Prusse traitait cette fois en son propre nom seulement et non plus comme représentant l’union austro-allemande. Elle avait tenu d’ailleurs à ne point appliquer rigoureusement le principe de la taxe uniforme, et elle avait établi sur son territoire une distinction entre les bureaux situés à l’ouest du Weser et de la Werra et les bureaux situés à l’est de ces deux rivières; la taxe franco-prussienne était de 3 francs pour les premiers et de à francs pour les seconds.

Ces détails montrent suffisamment quel était au commencement de l’année 1865 l’état de l’Europe au point de vue des relations télégraphiques. La force des choses avait amené des ententes partielles, créé des règles différentes suivant les lieux; mais un accroissement considérable des correspondances rendait de plus en plus nécessaire une entente générale, et l’on sentait la nécessité de se rallier à quelques principes uniformément admis. Or en ce moment la France avait à convoquer d’une part les signataires du traité de