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buste. Les vaquois ont une écorce lisse, un bois de faible consistance, de très longues feuilles lancéolées, en général garnies de piquans sur les bords, des fleurs dioïques accompagnées de spathes plus ou moins colorées, des fruits charnus dont le noyau renferme une seule graine. Du Petit-Thouars a pris un vif intérêt à l’étude de ces végétaux monocotylédonés qu’on observe dans les régions tropicales de l’ancien monde. Sur la Grande-Terre, le vaquois comestible[1] donne des grappes de fruits d’une saveur douce que les Malgaches tiennent en estime ; l’arbre, haut de 4 à 5 mètres, a une cime étalée comme un parasol. Plusieurs espèces du même genre croissent dans les marais[2]. Pendant ses excursions, Aubert Du Petit-Thouars apercevait à distance, au milieu des marais les plus profonds, des arbres droits comme des obélisques, atteignant la hauteur d’une vingtaine de mètres ; le port tout à fait étrange de ces arbres mettait l’esprit du savant dans une cruelle perplexité. Une fange presque liquide défendait l’approche du curieux végétal. Après bien des efforts, il parvint cependant au but ; alors il reconnut une espèce toute particulière du genre des vaquois[3]. Si l’on pénètre dans les forêts, on rencontre d’autres représentans du même groupe : le vaquois sylvestre, le vaquois pygmée, ne dépassant pas la hauteur de 2 mètres, ayant une cime étalée, des feuilles assez petites et des fruits qui ne sont pas plus gros que des noix ordinaires.

Jusque sur les grèves battues des flots, dans les terrains vaseux aux embouchures des fleuves, à plus ou moins grande distance de la mer, abondent, surtout vers le nord de l’île, ces végétaux du littoral de toutes les régions des tropiques si connus sous le nom de palétuviers et de mangliers. Dans les endroits sablonneux, on remarque de singuliers arbres sans feuillage qui font songer à l’Australie, des casuarinas, certainement importés. Plus loin, ce sont ces arbres beaux et gracieux dont les feuilles, rangées en grand nombre aux deux côtés d’une longue tige, forment des collerettes ou des couronnes qui se superposent avec les années, des cycas ; mais l’espèce est répandue dans toute l’Asie tropicale[4], et selon toute probabilité elle a été introduite à Madagascar. On peut voir ce curieux représentant du règne végétal sans entreprendre un bien long voyage : un superbe individu se trouve dans les serres du Jardin des Plantes. Dans la plupart des lieux humides foisonne un palmier qui est pour les Malgaches la plus précieuse ressource : le raphia, un sagoutier[5]. Vieilles et dures, les feuilles

  1. Pandanus edulis.
  2. Pandanus ensifolius et pandanus muricatus, décrits par Du Petit Thouars.
  3. Pandanus obeliscus.
  4. Cycas circinalis.
  5. Sagus pedunculata.