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fondément étranglée par la vaste baie de Diego-Suarez ; ainsi l’extrémité de la Grande-Terre est une presqu’île, — plateau couvert de collines arrondies, basses, presque entièrement formées de calcaires coquilliers. Sur l’isthme, le terrain se compose de granit et de basalte ; au centre, cette dernière roche forme un massif que son aspect de forteresse a fait nommer par les hydrographes anglais Windsor-Castle.

Lorsqu’on double l’extrémité nord de la grande île africaine, le cap d’Ambre, c’est la montagne d’Ambre, située à plus de 60 kilomètres au sud du cap qui sert de point de reconnaissance. La hauteur de cette montagne n’avait jamais été déterminée ; M. Guillemin a pris des mesures, et nous savons maintenant que le sommet le plus élevé dépasse 2,700 mètres d’altitude. Au rapport des habitans, il existe en arrière du massif un effondrement à parois verticales, sorte de vallée inaccessible où l’on ne pénètre que par un passage souterrain ; les Antankares, peuplade de la contrée, y trouvèrent plusieurs fois un refuge assuré pendant les incursions des Ovas. À l’ouest, le cap Saint-Sébastien est la dernière colline d’une petite chaîne granitique qui est l’arête de la presqu’île.

Sur la côte occidentale de Madagascar, il fallait songer à la recherche des dépôts de houille dont on s’était préoccupé depuis l’établissement des Français à Nossi-Bé ; le littoral de la Grande-Terre situé en face de la colonie ayant été exploré, quelques affleuremens de schistes charbonneux avaient été découverts. Les investigations de M. Guillemin, exécutées un peu trop à la hâte par suite des circonstances, ont permis néanmoins une constatation déjà importante. — Le bassin houiller de la côte nord-ouest s’étend du cap Saint-Sébastien par 12° 26′ de latitude sud jusqu’au port Radama par 14o. Dans les baies de Bavatoubé et de Passandava, la nature de la stratification a été reconnue sur une épaisseur de terrain de plus de 600 mètres : c’est une superposition de grès de différentes sortes et de schistes. Cinq affleurements de houille à la baie de Bavatoubé, deux à la baie de Passandava ont montré le combustible minéral ; les couches sont minces, il est vrai, mais elles donnent à peu près la certitude de rencontrer des couches exploitables dans des localités plus éloignées des côtes.

Depuis notre premier établissement au fort Dauphin, on vante les richesses minérales de la grande île africaine ; les richesses existent, à n’en pas douter ; des échantillons reçus des indigènes ou ramassés au hasard le prouvent[1]. On parle toujours de l’or, on cite des filons de plomb argentifère, on rapporte du cuivre diversement

  1. L. Simonin, les Richesses naturelles de Madagascar, — Revue maritime et coloniale, t. V, p. 628 ; 1862. — Voyez aussi une étude du même auteur, la Mission de Madagascar, dans la Revue du 15 avril 1864.