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nommé ne saurait avoir des pouvoirs constituans, surtout quand ses résolutions pourraient aboutir au schisme. Contentons-nous d’être ce que fut l’assemblée des notables à la veille de la révolution française ; préparons un vrai synode général nommé dans des conditions normales. La réplique des opposans fut très complète et très vigoureuse. M. Laurens, de Saverdun, traita le point de droit, M. Mettetal l’appuya par un exposé historique des démarches préliminaires du synode. Il fut établi que la loi de germinal an X, en visant dans deux articles l’ancienne discipline de l’église réformée, avait reconnu en droit le régime synodal, — que le législateur dictatorial de 1852, en rétablissant l’église locale, avait fait un pas de plus vers cette ancienne discipline, — que celle-ci avait été invoquée en plein conseil d’état dans une affaire de droit ecclésiastique, — que le ministère Ollivier avait fait préparer un projet de convocation du synode général. Quant à l’inégalité des circonscriptions, le gouvernement s’est strictement conformé au mode électif usité dans l’ancienne église réformé ; on peut le réviser, s’il y a lieu, mais aucun changement ne devait procéder du pouvoir civil. D’ailleurs l’absence de proportionnalité exacte ne saurait être considérée comme un obstacle dirimant aux décisions d’un corps représentatif. Il faudrait alors admettre que la chambre des communes a légiféré sans droit pendant de longues années. M. Guizot établit de la manière la plus catégorique que l’intention du gouvernement avait bien été de convoquer un vrai synode délibérant et constituant. On ne sait pourquoi l’illustre orateur se crut obligé à cette occasion de célébrer les bienfaits de l’union de l’église et de l’état. La vraie, la grande raison morale contre les inopportunistes fut invoquée par MM. Babut et Bois. « Voilà, en vérité, dit le premier orateur, un étrange spectacle. L’état nous demande qui nous sommes, il nous offre la liberté, et ne veut pas se mêler de nos affaires ; il reconnaît l’église souveraine au point de vue religieux ; sur ses instances, l’état rend à l’église les institutions de ses pères, et voici que des membres mêmes de ce synode disent à l’état : « Prenez garde, ne nous rendez pas trop de libertés de crainte que nous en abusions. » M. Bois terminait ainsi un discours qui emporta le vote : « notre synode, devenu un corps simplement consultatif, aura moins de pouvoir que le plus modeste de nos conseils presbytéraux ! » L’assemblée vota un ordre du jour très net, proposé par M. Pernessin, qui portait que, le synode s’étant réuni conformément aux lois qui ont fixé le régime de l’église réformée de France, sa convocation même consacrait les libertés de l’église, qui n’avait plus qu’à en user pour se reconstituer. Ce vote eut lieu le 12 juin.

Le lendemain commença la seconde bataille. La question de